Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a remis aux autorités américaines une liste de 84 membres du mouvement du prédicateur Fethullah Gülen dont la Turquie demande l'extradition.

Ankara réclame que Washington lui remette cet homme installé de longue date aux États-Unis, que le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse d'avoir orchestré le coup d'État manqué de 2016 à son encontre. Mais jusqu'ici, ses demandes n'ont pas abouti.

La chaîne NBC avait affirmé la semaine dernière que la Maison-Blanche étudiait les possibilités juridiques de faire partir Fethullah Gülen, dans le cadre d'efforts diplomatiques afin que la Turquie relâche la pression sur l'Arabie saoudite après le meurtre à Istanbul du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

En visite à Washington, le chef de la diplomatie turque a dit ne pas avoir obtenu de «garanties» après sa rencontre avec son homologue américain Mike Pompeo et avec le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, John Bolton.

«Mais nous leur avons donné cette liste de personnes dont nous demandons aux États-Unis l'extradition vers la Turquie», a-t-il ajouté, précisant qu'elle comprenait le nom de 84 personnes, dont M. Gülen. «Le président Trump avait demandé à Erdogan d'envoyer cette liste», a-t-il expliqué.

Donald Trump a assuré samedi que l'extradition du prédicateur, qui nie fermement toute implication dans la tentative de putsch, n'était «pas à l'étude».

«Nous essayons toujours de voir ce que nous pouvons faire pour la Turquie», a-t-il toutefois affirmé, assurant que les relations étaient désormais «très bonnes» entre les deux pays depuis que la justice turque a libéré le pasteur américain Andrew Brunson, dont il réclamait avec insistance le retour aux États-Unis.

Mevlut Cavusoglu s'est de son côté dit satisfait de voir que la police fédérale américaine enquêtait sur les activités du mouvement de Fethullah Gülen aux États-Unis.

«Les États-Unis découvrent l'opacité de ce réseau criminel», a-t-il lancé, l'accusant de «blanchiment d'argent, d'évasion fiscale, de fraude aux visas et d'autres activités illégales».

«C'est ce que nous demandions aux États-Unis, lancez une simple enquête et vous verrez à quel réseau vous avez à faire alors que l'accueillez dans votre pays», a-t-il ajouté.

De son côté, Mike Pompeo, tout en saluant la «dynamique positive» dans les relations entre les deux pays alliés depuis la libération du pasteur Brunson, a de nouveau dénoncé la «détention injuste de ressortissants américains et d'employés locaux» des missions diplomatiques des États-Unis, «dont le chercheur de la NASA Serkan Golge».

AP

Fethullah Gülen