(Washington) Le gouvernement américain a émis mercredi, pour la première fois, un bulletin d’alerte antiterroriste consacré aux menaces posées par les « extrémistes » opposés à la présidence de Joe Biden.

Au même moment, les autorités judiciaires annonçaient l’inculpation d’un partisan de Donald Trump après la découverte dans son entreprise de cinq bombes artisanales qu’il comptait, selon l’acte d’accusation, utiliser contre des démocrates.

Le ministère de la Sécurité intérieure a pourtant assuré que son bulletin d’alerte n’était pas motivé par « des informations sur un complot crédible spécifique ». Il fait plus généralement état d’un « climat de menaces accrues » présent dans tous les États-Unis et susceptible de durer plusieurs semaines.  

« Des informations suggèrent que des extrémistes violents ayant des objections à l’exercice de l’autorité gouvernementale et à la transition présidentielle, ainsi que d’autres griefs alimentés par des récits mensongers, pourraient continuer à se mobiliser, et à inciter à commettre des violences », selon son bulletin.

Cet immense ministère, créé après les attentats du 11 septembre 2001, publie régulièrement ce type de mise en garde, mais elles sont d’ordinaire liées à des menaces d’origine étrangère, notamment djihadistes.  

C’est la première fois qu’un bulletin d’alerte antiterroriste porte sur une menace intérieure, a précisé à l’AFP un de ses porte-parole.

Ce tournant reflète le discours de Joe Biden qui, lors de son investiture le 20 janvier, a juré de « vaincre le suprémacisme blanc et le terrorisme intérieur ».

« En colère »

« Je suis heureux de voir que le ministère reconnaît pleinement la menace posée par l’extrême droite violente », alors qu’elle a été « encouragée au cours des quatre dernières années », a salué l’élu démocrate Bennie Thompson, qui dirige la commission de la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.  

L’ancien président républicain Donald Trump a été régulièrement accusé de faire preuve de complaisance envers la droite radicale, dont certains membres étaient en première ligne lors de l’assaut lancé par ses partisans sur le Capitole le 6 janvier.

Le bulletin publié mercredi, et qui est valide jusqu’au 30 avril, se garde d’utiliser des étiquettes politiques.  

Il relève toutefois que des extrémistes animés par plusieurs motivations, et notamment leur « colère face aux restrictions liées à la COVID-19 et aux résultats de l’élection » présidentielle, ont déjà comploté en 2020, et parfois, attaqué des bâtiments officiels.

Certains « pourraient avoir été galvanisés par l’intrusion au sein du Capitole », ajoute-t-il.

Le ministère se dit déterminé à protéger « les infrastructures critiques » et les « populations qui pourraient être ciblées en raison de leur religion, race, origine, identité ou opinion politique ».  

Lundi, le Pentagone avait déjà annoncé que les milliers de soldats de la Garde nationale déployés pour la prestation de serment de Joe Biden resteraient jusqu’en mars à Washington, à la suite de nouvelles menaces.

« Attaquer des démocrates »

Parallèlement, les autorités judiciaires ont déployé les grands moyens pour retrouver les auteurs de l’attaque sur le siège du Congrès. Plus de 150 personnes ont déjà été inculpées par la justice fédérale, dont trois membres d’une milice d’extrême droite poursuivis pour « conspiration et sédition ».  

Dans un dossier distinct, le ministère de la Justice a annoncé mercredi l’inculpation de Ian Benjamin Rogers, un garagiste californien de 43 ans lié à une milice d’extrême droite.

Lors de perquisitions dans son entreprise, les agents ont découvert cinq bombes artisanales, du matériel pour en fabriquer davantage et une cinquantaine d’armes, a annoncé le procureur David Anderson.

Selon un rapport d’enquête, des messages laissés sur son téléphone indiquent qu’il a été convaincu par les allégations de fraudes électorales brandies — sans preuve — par Donald Trump pour refuser de concéder sa défaite.  

Ces messages montrent « son intention d’attaquer des démocrates et des lieux associés aux démocrates afin d’essayer de maintenir Donald Trump au pouvoir », peut-on lire dans ce document.  

Parmi les cibles envisagées : le bureau du gouverneur démocrate de Californie Gavin Newson ou les sièges de Twitter et Facebook qui ont banni l’ancien président de leurs réseaux.

A des milliers de kilomètres, un membre d’une milice armé, Ty Garbin, a plaidé coupable mercredi d’avoir comploté l’an dernier en vue d’enlever la gouverneure démocrate du Michigan Gretchen Whitmer, très critiquée par la droite radicale pour ses mesures de confinement.