Trois Américaines ont lancé une campagne virale sur les réseaux sociaux en appelant les femmes à parler ouvertement de leur avortement, sujet brûlant aux États-Unis, s'attirant en chemin les critiques virulentes d'opposants au «droit de choisir».

Le mot-dièse #ShoutYourAbortion, ou «Parlez haut et fort de votre avortement», a commencé ce week-end aux États-Unis en réaction à un vote de la Chambre des représentants pour couper le budget du groupe de planification familiale Planned Parenthood, le plus important fournisseur de services de santé aux femmes, tandis que les républicains appelaient à lancer une enquête sur cette organisation.

Depuis mardi, il était parmi les plus utilisés de la toile aux États-Unis, sur Twitter comme sur Facebook.

Lindy West, Amelia Bonow et Kimberly Morrison ont commencé cette campagne --sans imaginer qu'elle prendrait une telle ampleur-- en réaction à ceux qui veulent remettre en cause «le droit fondamental des femmes de contrôler leur fertilité», comme l'a expliqué Mme Bonow à l'AFP.

«J'ai lancé ShoutYourAbortion parce que je n'ai pas de regrets et je ne vais pas murmurer» avec honte, a tweeté Lindy West mardi, plus de 40 ans après le «Manifeste des 343 salopes» en France, quand des femmes avaient signé un texte pour dire qu'elles avaient avorté à une époque où c'était encore passible de poursuites.

«Lindy et moi sommes très amies, elle a beaucoup de gens qui la suivent sur les réseaux sociaux, moi j'ai un groupe de gens plus locaux, de Seattle», a raconté Mme Bonow.

«Vendredi», après avoir appris que le Congrès voulait couper le budget de Planned Parenthood, «j'ai passé la journée à pleurer, beaucoup de femmes sont dévastées de voir qu'en 2015 aux États-Unis c'est encore un problème», a-t-elle poursuivi.

«J'ai écrit sur un coup de tête sur Facebook que j'avais eu un avortement l'an dernier, que ça avait été une très bonne expérience, que je n'ai aucun regret et que je n'en ai pas honte».

Lindy West a quant à elle écrit «il y a près de 5 ans, en septembre 2010, j'ai pris une pilule et puis une autre, je me suis allongée une nuit et un jour, et je n'étais plus enceinte».

Des milliers de femmes leur ont alors emboîté le pas en partageant l'histoire de leur avortement. D'autres, opposées au droit à l'avortement, se sont de leur côté déchaînées en les accusant de meurtre.

«Je suis sûre que les bébés auraient aimé s'exprimer sur ShoutYourAbortion, mais ils ont été assassinés et vendus en pièces», a ainsi écrit le blogueur Matt Walsh sur Twitter.

L'avortement est un sujet très sensible aux États-Unis et cette nouvelle polémique intervient au moment où le pape François vient d'arriver pour une visite aux États-Unis.

Le souverain pontife a récemment abordé ce sujet encore largement tabou en affirmant que les femmes qui ont avorté méritaient le pardon «si elles expriment des remords».