(Pékin) Le mystérieux virus qui touche les grandes villes de Chine est transmissible entre humains, a confirmé lundi un expert gouvernemental en maladies infectieuses.

Zhong Nanshan, un scientifique renommé de la Commission nationale de la santé, qui avait aidé à évaluer l’ampleur de l’épidémie de Sras en 2003, a déclaré à la chaîne de télévision d’État CCTV que cette transmission par contagion était « avérée ».

PHOTO D'ARCHIVES AGENCE CHINATOPIX, VIA AP

Le professeur Zhong Nanshan, en 2004, lors d'une conférence un an après l'épidémie de SRAS.

Cet expert avait aidé à évaluer l’ampleur de l’épidémie de SRAS en 2002-2003. Elle avait fait 774 morts dans le monde (dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong Kong) sur 8096 cas, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au Canada, 44 personnes en sont mortes, toutes dans la région de Toronto.

Réunion d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé lundi une réunion d’urgence mercredi consacrée à l’émergence du nouveau virus, proche du Sras, qui se répand en Chine et a touché trois autres pays asiatiques.

Un comité ad hoc doit se réunir à Genève pour déterminer s’il convient de déclarer une « urgence de santé publique de portée internationale », qualification qui n’est utilisée que pour les épidémies les plus graves, a annoncé l’OMS.

L’OMS estime pour sa part qu’un animal semble être « la source primaire la plus vraisemblable », avec « une transmission limitée d’humain à humain par contact étroit ».

L'épidémie touche les grandes villes de Chine et trois pays voisins

Ce diagnostic survient alors que la mystérieuse épidémie, partie du centre de la Chine, a gagné Pékin au nord, Shanghai à l’est et Shenzhen au sud, les métropoles géantes du pays le plus peuplé du monde. La maladie touche 200 personnes, dont trois cas mortels, selon un dernier bilan communiqué lundi.

PHOTO ALY SONG, REUTERS

Des passagers portant des masques sanitaires à l'aéroport international Hongqiao de Shanghaï, le 20 janvier 2020.

Plus d’un mois après son apparition sur un marché de Wuhan, le virus de la famille du SRAS touche désormais trois autres pays d’Asie : Japon, Corée du Sud et Thaïlande.

Sortant de son silence, le président Xi Jinping a réclamé que « la propagation de l’épidémie soit résolument enrayée », alors même que le pays est entré comme chaque année dans la « plus grande migration humaine » avec le chassé-croisé du Nouvel An chinois.

Le dirigeant communiste a jugé « absolument crucial de faire un bon travail en matière de prévention et de contrôle épidémiologiques ».

Un hôpital chinois a fait le mauvais diagnostic

Le pays a dénombré lundi soir exactement 218 cas, dont un dans sa capitale économique, Shanghai, l’une des plus grandes villes du monde (25 millions d’habitants), chez une femme de 56 ans.

Le virus a également été détecté en Corée du Sud chez une Chinoise de 35 ans arrivée dimanche par avion depuis Wuhan.

Les autorités sanitaires sud-coréennes ont révélé qu’elle avait consulté samedi à l’hôpital à Wuhan en raison d’un rhume. On lui avait prescrit des médicaments avant qu’elle ne s’envole pour Séoul, où ses symptômes ont été détectés. Elle a été placée en quarantaine.

Le virus suscite des inquiétudes croissantes après le décès ce week-end d’une troisième personne depuis le début de l’épidémie et une augmentation significative du nombre de nouveaux cas à Wuhan (près de 140, le total atteignant désormais 198). Neuf patients sont dans un état critique.

Risques de propagation

L’épidémie intervient à l’approche des festivités du Nouvel An chinois, la période la plus chargée de l’année dans les transports. Des centaines de millions de personnes ont commencé à voyager en autocar, train et avion pour rendre visite à leur famille.  L’année du Rat débute samedi.

Malgré les risques de propagation, les déplacements en Chine ne font pour l’heure l’objet d’aucune restriction.

La souche incriminée est un nouveau type de coronavirus, une famille comptant un grand nombre de virus.  Ils peuvent provoquer des maladies bénignes chez l’homme (comme un rhume), mais aussi d’autres plus graves comme le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère).

Hautement contagieux, ce virus avait tué quelque 650 personnes en Chine continentale et à Hong Kong en 2002-2003. Les symptômes du SRAS ressemblent à ceux d’une pneumonie, avec une forte fièvre et divers problèmes respiratoires.

Lors de la pandémie de 2002-2003, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait vivement critiqué la Chine pour avoir tardé à donner l’alerte et tenté de dissimuler l’ampleur de la maladie.

Ce week-end, des scientifiques d’un centre de recherches de l’Imperial College à Londres, qui conseille des institutions comme l’OMS, ont mis en doute les chiffres officiels, estimant que le nombre de contaminations dépassait probablement le millier au 12 janvier.

Cité par la télévision nationale, Xi Jinping a jugé « nécessaire de diffuser l’information en temps et en heure et de renforcer la coopération internationale ».

« Il est nécessaire de renforcer l’orientation de l’opinion publique et l’explication des politiques publiques », a-t-il poursuivi, tout en appelant à « maintenir résolument la stabilité de la société et faire en sorte que les masses jouissent d’un Nouvel An stable et paisible ».

L’inquiétude est désormais perceptible à l’étranger, où les mesures de prévention se multiplient aux aéroports en provenance de Wuhan, notamment aux États-Unis et en Thaïlande.