(Manille) Des milliers d’habitants ont été évacués aux Philippines et les vols réguliers ont été annulés dans la crainte d’une imminente éruption « explosive » du volcan Taal, proche de Manille, au-dessus duquel s’élevait lundi matin une gigantesque colonne chargée de cendres.

« Une dangereuse éruption explosive est possible dans les heures ou les jours qui viennent », a averti l’agence sismologique nationale, alors que le Taal, l’un des volcans les plus actifs des Philippines, situé à 65 kilomètres au sud de Manille, crachait des cendres.

Des mouvements de lave ont également été enregistrés.

Plus de 2000 habitants vivant sur l’île où se trouve le Taal, située au milieu d’un lac de cratère dans une zone très appréciée des touristes, ont été évacués par mesure de sécurité, ont indiqué les autorités locales.

La colonne de cendres émanant du volcan a atteint dimanche plus de 15 kilomètres de haut. Après une suspension de quelques heures, le gouvernement a ordonné une annulation « jusqu’à nouvel ordre » des vols au départ et à destination de l’aéroport international Ninoy Aquino de Manille.

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L’Institut de volcanologie et sismologie des Philippines (Phivolcs) a évoqué le risque pour des avions d’être touchés par des « fragments balistiques ».

Le ministre des Transports Arthur Tugade a ordonné aux responsables des transports aériens de « faire tout le nécessaire dans l’intérêt de la sécurité publique », selon un communiqué commun des autorités chargées des transports.

Les autorités de l’aviation civile ont indiqué qu’elles procèderaient à une réévaluation de la situation lundi matin.

Secousses et éclairs

Les habitants d’une île voisine pourraient également être évacués si la situation empire, a précisé Renato Solidum, chef de l’Institut de volcanologie et sismologie des Philippines. « La cendre a déjà atteint Manille. C’est dangereux si les gens l’inhalent », a-t-il dit à l’AFP.

Dans la capitale, les autorités ont organisé de premières distributions de masques à des sans-abri pour les protéger des cendres.

« J’ai peur qu’il n’entre en éruption… Je n’ai plus qu’à prier », déclare à l’AFP Eduardo Carino, qui travaille dans un hôtel à proximité du volcan.

Les sismologues des services gouvernementaux ont détecté le magma qui monte en direction du cratère tandis que des secousses étaient ressenties à proximité du volcan, dont le sommet était illuminé d’éclairs.

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L’Institut de volcanologie et sismologie des Philippines a indiqué dimanche soir (lundi matin en heure locale) que des débris allant jusqu’à plus de 6 centimètres de diamètre étaient retombés dans les zones entourant le cratère.

L’Institut a recensé plus d’une cinquantaine de secousses sismiques à ce stade.

« Une activité sismique d’une telle intensité signifie probablement une pénétration continue du magma sous l’édifice du Taal, qui pourrait entraîner davantage d’activité éruptive », a indiqué l’Institut.

La dernière éruption du Taal date de 1977, a précisé M. Solidum.

L’archipel des Philippines est situé sur la « ceinture de feu » du Pacifique, où les plaques tectoniques entrent en collision, provoquant séismes et activité volcanique réguliers.

En janvier 2018, des dizaines de milliers de personnes avaient dû être évacuées en raison d’une éruption du Mont Mayon, dans la région centrale de Bicol.

La plus puissante éruption au cours des dernières décennies a été celle en 1991 du Mont Pinatubo, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Manille, qui a fait plus de 800 morts.

Le volcan avait craché un nuage de cendres qui avait parcouru des milliers de kilomètres en quelques jours et avait été rendu responsable des dégâts causés à une vingtaine d’avions.