(Montréal) Justin Trudeau était en territoire connu, vendredi soir, alors qu’il s’est présenté devant un millier de partisans entassés à l’Arsenal, dans le quartier Griffintown de Montréal.

Il en a profité pour aborder des thèmes qui sont chers au Québec, comme l’environnement, la culture et le droit à l’avortement.

Le chef libéral revenait pour la première fois sur sa position sur cet enjeu social lors d’un rassemblement en campagne électorale. Il n’en a fait aucune mention dans l’ouest du pays les deux derniers jours.

« À travers le monde, on voit la façon dont les droits des femmes prennent du recul. On voit la façon dont les politiciens de la droite se mobilisent et remettent en question les progrès qu’on tient trop souvent pour acquis. Nos adversaires le voient eux aussi. Ils en prennent note. Ils s’en inspirent », a lancé M. Trudeau.

Il a soutenu que son parti protégera « toujours » le droit des Canadiennes de choisir si elles mettent fin à leur grossesse ou non. « C’est à la femme — et à la femme seulement — de prendre les décisions qui concernent son corps et son avenir », a-t-il poursuivi sous un tonnerre de cris et d’applaudissements.

Son épouse, Sophie Grégoire Trudeau, a pris la parole au début du rassemblement pour présenter l’écologiste Steven Guilbeault, qui tentera de se faire élire dans la circonscription de Laurier-Sainte-Marie à Montréal. Mme Grégoire Trudeau l’a présenté en anglais comme un « pragmatique et un rêveur » qui se « bat pour la planète ».

M. Guilbeault s’est dit prêt à continuer le travail que le « mouvement » libéral a entamé sur le plan de l’environnement.

Offensive de charme au Québec

Pour la première visite du chef libéral en sol québécois lors de la campagne électorale, il a ciblé des circonscriptions restantes de la « vague orange » qui pourraient être prêtes à voter pour le plus offrant avec la chute des néo-démocrates dans la province.

La journée a commencé à Trois-Rivières, dont le député sortant est Robert Aubin. Les conservateurs y ont lancé leur campagne mercredi avec la présence de leur candidat prestigieux : l’ancien maire de la ville, Yves Lévesque.

M. Trudeau s’est ensuite déplacé à Longueuil-Saint-Hubert, sur la Rive-Sud de Montréal, pour prêter main-forte à son candidat vedette, l’ancien ministre péquiste Réjean Hébert.

M. Hébert s’est livré à une tirade qui aurait été impensable il y a peu de temps. « Je vous le dis : les feuilles vont rougir, Longueuil-Saint-Hubert va rougir, la Montérégie va rougir, le Québec et le Canada vont devenir rouges ! »

Le député sortant de Longueuil-Saint-Hubert est Pierre Nantel, qui est passé des néo-démocrates aux verts. M. Nantel a lui aussi fait les manchettes pour sa profession de foi souverainiste, mais sa nouvelle chef Elizabeth May a accepté de retenir sa candidature malgré tout.

Un hôte qui n’a pas été impressionné

Vendredi matin, M. Trudeau était de passage chez un concessionnaire de véhicules électriques usagés, à Trois-Rivières, pour annoncer des mesures visant à faciliter le démarrage de petites et moyennes entreprises.

Mais même le copropriétaire de l’entreprise Véhicules Simon André, Guillaume André, n’était pas impressionné outre mesure par l’annonce, même s’il apprécie le coup de pouce.

Aux côtés de sa candidate locale Valérie Renaud-Martin, M. Trudeau a promis d’octroyer des bourses pouvant aller jusqu’à 50 000 $ à quelque 2000 nouvelles personnes pour aider à démarrer une entreprise.

Les critères de sélection de ce nouveau programme seront déterminés par la Banque de développement du Canada en collaboration avec les acteurs du milieu, dont ceux qui se spécialisent dans l’entrepreneuriat féminin et autochtone, a précisé M. Trudeau.

Le parti promet aussi d’éliminer les frais prélevés sur le montant de la TPS/TVH lors des transactions effectuées par carte de crédit, ce qui permettra aux entreprises d’économiser près de 500 millions par année, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.

Il a aussi annoncé qu’il donnerait 250 $ à chaque nouvelle entreprise qui cherche à élargir ses services en ligne, en plus de réduire de 75 % le coût de la constitution d’une entreprise en société de régime fédéral.

Selon M. Trudeau, ces nouvelles mesures annoncées vendredi permettront à tout nouvel entrepreneur d’économiser 1448 $.

M. André dit qu’il aurait aimé entendre des mesures supplémentaires pour favoriser la vente de véhicules électriques. Le crédit d’impôt de 5000 $ annoncé lors du dernier budget fédéral est un « bon début », mais reste « minime » par rapport aux « investissements massifs » accordés à l’industrie pétrolière, a-t-il dit.

En coulisses, les libéraux rappellent que le gouvernement ontarien de Doug Ford a annulé le programme de subvention pour l’achat d’une voiture électrique ou à hydrogène, ce qui a entraîné une baisse dans les ventes de ces véhicules dans la province.

Les conservateurs fédéraux d’Andrew Scheer n’ont pas fait mention de crédits d’impôt pour les véhicules électriques dans leur plan sur l’environnement dévoilé en juin dernier. Mais un porte-parole a précisé qu’un gouvernement Scheer maintiendrait le programme jusqu’à sa fin, prévue en 2022.

À l’heure actuelle, seuls le Québec et la Colombie-Britannique ont un programme provincial de crédit d’impôt pour les voitures électriques.

M. Trudeau répète depuis des mois que les profits de l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain dans l’ouest du pays, acheté pour 4,5 milliards par son gouvernement, permettront de financer la transition énergétique au Canada.

« On est en train de protéger l’environnement en même temps qu’on finance cette transition vers une économie plus verte. C’est pour ça qu’on a besoin d’un oléoduc vers les nouveaux marchés. Sinon, ce sera plus de pétrole sur train ou par camion et ça, on sait que c’est beaucoup plus dangereux que les oléoducs », a-t-il réitéré, vendredi.