Malgré le verdict criminel récemment rendu par la justice new-yorkaise contre l’ancien président des États-Unis Donald Trump, les derniers sondages font état d’une course très serrée entre lui et Joe Biden. Malgré le précédent créé par la condamnation de Trump, l’actuel président et lui sont au nez à nez devant l’électorat.

La possibilité qu’un troisième candidat, comme Robert F. Kennedy Jr, réussisse à se présenter sur le bulletin de vote dans les États jugés clés cette année, comme l’Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Pennsylvanie et le Wisconsin, ajoute à l’incertitude quant à l’issue de l’élection présidentielle du 5 novembre prochain.

De façon ironique, les mêmes sondages indiquent que, majoritairement, les Américains souhaiteraient des candidatures autres que celles de Biden et de Trump. Cela amène certains observateurs à qualifier une partie de l’électorat par le concept de double haters, désignant ainsi ceux qui détestent à la fois Biden et Trump. Cela ne fait qu’ajouter à l’imprévisibilité des sondages.

PHOTO MEG KINNARD, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le candidat présidentiel indépendant Robert F. Kennedy Jr

À la lumière de ces données, le débat entre Biden et Trump prévu le jeudi 27 juin prend toute son importance, car la plupart des sondages indiquent que Trump mène dans cinq des six États clés précédemment nommés. Ce débat s’inscrit dans l’histoire des élections présidentielles américaines comme celui qui survient le plus tôt dans le processus électoral. Il a lieu avant même que le Parti démocrate et le Parti républicain aient officialisé leurs candidatures, ce qui constitue une première ! Les républicains confirmeront la candidature de Trump en juillet à Milwaukee et les démocrates confirmeront celle de Biden en août à Chicago.

L’impact de l’immigration et de la démocratie

Certes, il est entendu que l’économie reste généralement le sujet le plus préoccupant pour l’électorat. Le bilan de Biden est fort respectable quant à la création d’emplois, au développement du secteur manufacturier et à la croissance. Bref, les États-Unis présentent actuellement la meilleure performance des économies du G7.

Cela dit, les sondages indiquent un taux de désapprobation envers l’administration Biden qui dépasse les 50 %, et ce, malgré la baisse récente du taux d’inflation.

On peut aussi prévoir que, lors de ce débat, la question de l’immigration et l’état de la démocratie américaine vont dominer les échanges et produire beaucoup d’étincelles.

Trump voit l’immigration comme une menace à la sécurité et à la stabilité du peuple. Il parle d’exclusion, de déportation et « d’empoisonnement du sang » américain par l’immigration irrégulière.

Cette approche contraste avec la vision de Biden et de son parti. Tout récemment, Biden a causé un émoi au sein de sa formation en invoquant des politiques semblables à celles de Trump quant à la sécurité. Mais la semaine dernière, dans le but de démontrer sa sensibilité à la question humanitaire de l’immigration, il a annoncé un programme d’amnistie pour des immigrants en situation irrégulière qui sont des conjoints de citoyens américains depuis plus de 10 ans. Bref, il a opté pour une approche plus pondérée et équilibrée.

Sur la question de la démocratie, il faut s’attendre à ce que Biden attaque en règle l’implication de Trump dans les événements du 6 janvier 2021, ses propos récents sur la rétribution et la poursuite de ses opposants devant les tribunaux et le fait que Trump admire certains autocrates comme Vladimir Poutine. Mais il est également probable que chaque candidat accuse l’autre d’être une menace pour la démocratie américaine.

Gagner le débat

Sans doute, s’il y a un gagnant durant ce débat, on peut prévoir un impact assez direct sur la teneur de la campagne et les sondages.

Tout indique que les règles de ce débat favorisent le style de Biden, car il n’y aura pas d’audience en salle, le temps sera limité et circonscrit pour les échanges, et le micro de l’adversaire sera coupé lorsqu’un candidat aura la parole.

On connaît néanmoins le personnage de Trump, qui fera tout pour capter l’attention et déstabiliser son adversaire.

Peu importe le résultat de cette campagne présidentielle, le gagnant sera le candidat le plus âgé de l’histoire à gagner la présidence. Donc, on peut prévoir que des questions liées à l’âge des deux candidats s’inviteront dans l’évaluation de ce débat.

Compte tenu de l’état actuel des sondages et des préoccupations chez les stratèges démocrates, Joe Biden doit avoir une solide performance. Or, souvent sous-estimé pendant sa carrière, Biden peut déjouer les calculs de ses détracteurs et réussir un tour de force.

Il devra bien expliquer son bilan, faire valoir sa force de caractère, bien démontrer ce qui le distingue des positions de Trump et présenter une vision prometteuse pour l’avenir. Bref, il n’a pas le choix : il a absolument besoin de donner un coup de barre pour faire bouger l’aiguille des sondages.

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