C'est avec étonnement que nous avons pris connaissance de la charge contre les événements et festivals, et plus particulièrement contre Igloofest, signée par le président de l'Association québécoise de la vie nocturne, Sandy White.

Que l'industrie de la vie nocturne vive un passage à vide après les Fêtes, durant les mois froids d'hiver, c'est une chose. Mais qu'en criant à l'aide, elle écorche une autre industrie, celle des événements, qui a, elle, choisi d'embrasser la saison, en est une autre.

Il est vrai que les festivals et événements vivent dans un monde réglementaire différent, mais si cela peut rassurer M. White, il s'avère tout aussi complexe et rempli de tracasseries que celui dans lequel vivent les acteurs de la vie nocturne. Les festivals et événements n'évoluent pas dans un monde parallèle à l'abri des lois!

En l'espèce, M. White a tout faux: Igloofest ne bénéficie d'aucun traitement de faveur dans l'application des lois et se soumet rigoureusement aux exigences du Vieux-Port, de la RACJ pour le permis d'alcool et la publicité, du MAPAQ, du Bureau de la sécurité privée, du Code du bâtiment, de la CSST, du Service de la moralité, du Service des incendies en matière de sécurité et de capacité de site, et aux ordonnances de l'arrondissement Ville-Marie en matière de bruit. Qu'on se le dise: Igloofest est un événement réservé aux 18 ans et plus et le contrôle d'accès n'est pas moins rigide qu'à l'entrée des bars en ville.

De plus, nous ne connaissons pas un bar à Montréal qui informerait ses voisins qu'ils peuvent en tout temps formuler une plainte ou un commentaire au sujet du bruit par courriel ou par téléphone sur son site Web... et pourtant, c'est bien ce que fait Igloofest!

Fragile, mais importante

L'industrie événementielle est aujourd'hui très fragile. Elle permet tout de même des retombées estimées pour les seuls membres du RÉMI à 362 millions annuellement, avec un retour de quelque 41 millions au gouvernement du Québec et de plus de 23 millions à Ottawa, seulement en taxes et en impôts.

Malgré cela, les festivals et événements doivent relever d'immenses défis, notamment en ce qui a trait au financement. La part du financement public dans le montage financier d'Igloofest atteint à peine 5% et pourtant, Sandy White se permet l'audace de colporter le cliché voulant qu'ils sont «largement subventionnés» ! Il omet de dire que ces subventions sont pour la plupart octroyées, à juste titre, en fonction de l'attrait touristique, puisque les festivaliers sont nombreux à venir de l'extérieur de Montréal et du Québec. Ces gens dépensent dans les hôtels, les restaurants, les commerces... et les bars!

L'Association québécoise de la vie nocturne aurait pu choisir de se réjouir de la présence et de la vitalité de l'industrie événementielle à Montréal et au Québec en général. Après tout, tant les festivals que les bars profitent de la présence de touristes et de l'activité économique qu'ils génèrent, surtout en hiver.

C'est le cas de la SDC du Vieux-Montréal, qui témoigne de l'impact immensément positif d'Igloofest auprès de ses membres. Même chose pour tous ces acteurs de la vie nocturne montréalaise - Bleury, Stereo, APT 200, Peopl, Salon Daomé, Joverse, SAT et tant d'autres - dont on fait la promotion et où l'événement invite ses festivaliers à terminer leur soirée. Car, faut-il le rappeler, Igloofest ferme ses portes autour de minuit. Qu'est-ce qui empêche les bars de l'Association de profiter par la suite, et jusqu'à trois heures du matin, de la manne de festivaliers qui veulent poursuivre la fête et qui, peut-être, seraient autrement restés confortablement chez eux? N'est-ce pas à ce moment que commence la «vie nocturne» ?