(Toronto) Des experts et des politiciens ont défendu lundi l’« interchangeabilité » des vaccins à ARN-m Moderna et Pfizer en deuxième dose, alors que des retards de livraisons entraînent des changements dans le calendrier vaccinal de nombreux Canadiens.

Le gouvernement fédéral a annoncé que la livraison hebdomadaire de 2,4 millions de doses de vaccins Pfizer-BioNTech était retardée de quelques jours – elles arriveront en milieu de semaine. Ce délai a poussé certaines provinces à offrir en deuxième dose des Moderna plutôt que des Pfizer – et à exhorter les citoyens à ne pas renoncer au rappel à cause de cette soudaine vaccination « hybride ».

Le premier ministre du Québec, François Legault, a soutenu lundi que selon les experts, il existerait même une « petite protection additionnelle » associée à l’interchangeabilité des vaccins. « Par contre, il y a une très petite augmentation des risques qu’il y ait des conséquences » (effets secondaires), a-t-il ajouté en point de presse à Montréal, lundi matin, alors qu’il venait de recevoir sa deuxième dose du vaccin Pfizer, au Stade olympique de Montréal.

« Dans les deux prochaines semaines, on va recevoir moins de Pfizer, a-t-il dit. On va être capables de respecter tous les engagements qu’on a pris pour la vaccination. Par contre, pendant deux semaines, on n’en prendra plus, jusqu’à temps qu’on ait la confirmation. » M. Legault a aussi vanté les mérites de l’interchangeabilité pour ceux qui auraient reçu l’AstraZeneca en première dose, et qui devraient passer sans problème, selon lui, au Moderna en deuxième dose.

En Ontario, les citoyens ont été informés récemment qu’ils pourraient recevoir un vaccin à ARNm différent pour leur deuxième dose, car plusieurs Ontariens pouvaient devancer leur deuxième rendez-vous à compter de lundi matin. Le médecin hygiéniste en chef de la province a exhorté les Ontariens qui avaient reçu un Pfizer en première dose à ne pas hésiter si on leur offrait un Moderna en deuxième dose. « Nous voulons que vous obteniez la protection complète dès que possible », a déclaré le docteur David Williams, notant que le variant Delta, plus contagieux, continuait de se propager dans la province. « Les vaccins peuvent être mélangés sans danger », a-t-il assuré.

Le docteur Jeff Kwong, épidémiologiste à l’Université de Toronto, craignait que les gens retardent leur deuxième dose parce qu’on leur propose le Moderna, ce qui ralentirait l’élan de la vaccination. Selon lui, les analyses des données compilées par l’organisation de recherche indépendante ICES montrent que deux doses de Moderna sont « tout aussi bonnes » que deux de Pfizer pour prévenir les infections : en conséquence, il n’y a aucune raison de penser qu’une première dose de Pfizer et une deuxième de Moderna seraient pires que deux doses de Pfizer.

Le gouvernement de l’Alberta a également informé les citoyens que les rendez-vous pour le vaccin pourraient devoir changer en fonction de l’offre, et il a lui aussi souligné que les deux injections d’ARNm sont considérées comme interchangeables. « En ce moment, il y a plus de Moderna disponibles. Si vous réservez pour Moderna, vous pourrez obtenir un rendez-vous plus tôt et ainsi boucler votre programme vaccinal », a indiqué lundi l’agence de la santé de la province.

Au Manitoba, les autorités ont encouragé les adultes à se faire vacciner avec le Moderna et ont même prévenu que le gouvernement pourrait devoir annuler les rendez-vous pour le Pfizer fixés après le 7 juillet, en raison du ralentissement de l’offre de ce produit.