(Toronto) Des résidents canadiens devraient pouvoir se rendre aux États-Unis pour se faire vacciner contre la COVID-19 et être exemptés de la quarantaine obligatoire au retour si les autorités sanitaires jugent ces vaccins médicalement nécessaires, a déclaré vendredi le directeur général d’un hôpital.

Bien qu’une vaccination elle-même ne dispense pas les voyageurs entrants des règles de quarantaine, une exemption existe pour ceux qui se rendent à l’étranger pour des procédures médicalement essentielles.

David Musyj, directeur général de l’hôpital régional de Windsor dans la ville frontalière de Windsor, en Ontario, a déclaré qu’il avait demandé à l’Agence de la santé publique du Canada si le gouvernement jugeait les vaccins médicalement nécessaires.

« Comment un vaccin contre la COVID peut-il ne pas être considéré comme essentiel ?, a fait valoir M. Musyj dans une entrevue vendredi. Ces vaccins sont à portée de main. N’importe quel Canadien peut aller là-bas. »

Le maire de Windsor, Drew Dilkens, a évoqué l’utilisation d’autobus du service de transport en commun de la ville pour emmener les résidents à un site de vaccination de masse au stade Ford Field de Detroit et les ramener. M. Musyj a déclaré que son hôpital pourrait aider dans un tel effort, mais que l’exigence de quarantaine pour les personnes qui reviennent au Canada constituait un obstacle.

M. Musyj a demandé des éclaircissements sur l’exemption médicale.

Selon les règles, un médecin au Canada doit décider qu’un service médical à l’étranger est essentiel pour un patient, et la personne doit fournir la preuve qu’elle l’a reçu pour éviter la mise en quarantaine à son retour.

M. Musyj a déclaré qu’il souhaitait une décision anticipée de Santé Canada, ajoutant qu’il serait avantageux d’accéder à des cliniques aux États-Unis et de revenir sans avoir à se prêter à une quarantaine.

Dans une première réponse aux commentaires sur la demande de l’hôpital, Santé Canada a indiqué seulement que la recommandation d’un médecin « relève de la pratique de la médecine, qui est de compétence provinciale/territoriale ».

Cependant, une porte-parole a affirmé que le ministère envisageait de permettre aux Canadiens de récupérer des doses excédentaires aux États-Unis pour qu’elles soient injectées ici.

« Le gouvernement du Canada travaille actuellement avec les provinces, les territoires et les États-Unis pour déterminer la faisabilité de l’importation des vaccins contre la COVID-19 rendus disponibles par don », a déclaré Kathleen Marriner.

Ce qui est hors propos, a indiqué Mme Marriner, c’est de permettre la récupération de vaccins aux États-Unis dans le cadre d’un programme d’importation spécial pour les médicaments dont le Canada a un besoin urgent et qui ne sont pas disponibles. Le programme, a-t-elle dit, ne serait pas un « mécanisme approprié » pour faciliter l’importation.

Windsor veut 600 000 doses

Alors que les approvisionnements au Canada augmentent, les pénuries demeurent un obstacle important à l’inoculation de la population. À elle seule, la région de Windsor, dans le sud-ouest de l’Ontario, estime qu’elle a encore besoin d’environ 600 000 doses pour vacciner complètement ses résidents.

Parallèlement, les pharmacies et autres sites de vaccination de l’autre côté de la frontière ont du mal à utiliser leurs approvisionnements en raison d’un manque de demande. Le Michigan et d’autres États ont déclaré qu’ils étaient prêts à offrir leurs doses excédentaires au Canada.

L’hôpital de Windsor avait demandé l’autorisation dans le cadre du « programme d’accès spécial » fédéral pour pouvoir accepter l’offre des Américains.

Malgré le rejet de la demande dans le cadre de ce programme, Santé Canada a posé à l’hôpital plusieurs questions logistiques, telles que la façon dont les vaccins seraient récupérés, transportés et entreposés, et quelles mesures de sécurité seraient en place.

La qualité, la sécurité et la traçabilité, ainsi que les procédures de notification de tout effet indésirable, seraient essentielles pour autoriser les importations, a déclaré Mme Marriner.

« Santé Canada travaillerait avec le demandeur, en collaboration avec nos partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux, pour vérifier que des protocoles stricts sont suivis », a indiqué Mme Marriner.

M. Musyj a soutenu qu’il serait simple de se rendre à Detroit ou dans d’autres États frontaliers et de ramener les vaccins au Canada en quelques heures.

« Ils ont un excédent de vaccins là-bas, dit-il. Allons les chercher. »

Pour susciter la demande, l’Ohio donne à cinq résidents vaccinés 1 million de dollars chacun au moyen d’une loterie. La Ville de New York promet des frites gratuites, tandis que le New Jersey offre une bière gratuite aux premiers bénéficiaires.

« Cela vous montre simplement ce qui se passe aux États-Unis pour faire vacciner les gens », a souligné M. Musyj.