(Ottawa) Les autorités sanitaires canadiennes prévoient que trois millions de Canadiens pourraient être vaccinés contre la COVID-19 d’ici la fin mars 2021 si les deux vaccins candidats les plus prometteurs, soit Pfizer et Moderna, sont homologués.

« Si les deux vaccins candidats les plus prometteurs sont approuvés, on s’attend à six millions de doses, ce qui signifie qu’environ trois millions de Canadiens seraient vaccinés au début, car il faut deux doses », a exposé jeudi le DHoward Njoo, administrateur en chef adjoint de l’Agence de la santé publique du Canada.

Le comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) a proposé un ordre de priorité pour la vaccination ; on suggère de faire passer en premier les personnes âgées, les personnes vulnérables et les travailleurs de la santé ou essentiels. Il reviendra aux gouvernements des provinces et des territoires de trancher à ce sujet.

On a tout de même confiance, à Ottawa, que la majorité des autres Canadiens pourront avoir accès au vaccin en 2021, puisque le fédéral a conclu des ententes avec sept manufacturiers – on a acheté 194 millions de doses et on détient une option sur 220 millions de doses, pour un possible total de 414 millions de doses.

Les autorités fédérales n’ont pas voulu ouvrir davantage leur jeu quant au calendrier de livraison pour les trois premiers mois de 2021, la sous-ministre adjointe chez Services et Approvisionnement Canada, Arianne Reza, invoquant des motifs de nature concurrentielle.

« Afin de protéger notre position de négociation et les renseignements commerciaux […] dans les contrats, on ne peut pas décrire en détail. Toutefois, sachez que nous négocions activement, chaque jour, les calendriers de livraison avec les fournisseurs », a-t-elle plaidé.

Le Canada compte 38 millions d’habitants ; c’est donc dire qu’environ 8 % de la population serait vaccinée dans le premier trimestre de 2021. Quelque 6,8 millions de Canadiens sont âgés de 65 ans et plus, et environ 2,5 millions de personnes œuvrent de près ou de loin dans le domaine de la santé, selon Statistique Canada.

Approbation envisageable dès la mi-décembre

Le sceau d’approbation de Santé Canada pour les vaccins candidats devrait en outre venir assez rapidement, possiblement dès la mi-décembre, c’est-à-dire à peu près en même temps qu’aux États-Unis et dans les pays de l’Union européenne, a noté la Dre Supriya Sharma, conseillère médicale principale chez Santé Canada.

« Nous travaillons très étroitement avec nos collègues tant à la Food and Drug Administration qu’à l’Agence européenne des médicaments. Nous examinons les mêmes données ; nos mécanismes d’approbation en cas d’urgence sanitaire sont très similaires », a-t-elle indiqué aux côtés du Dr Njoo, jeudi.

« Nous nous attendons à prendre une décision sur les vaccins à peu près au même moment ; cela dépendra vraiment des données scientifiques, mais compte tenu du rythme auquel nous avançons, nous nous attendons à être en mesure de prendre une décision en fonction de cet échéancier », a ajouté la Dre Sharma.

Il faut habituellement plus d’un an avant qu’un vaccin soit approuvé par les autorités de la santé publique au Canada, mais en vertu d’un arrêté d’urgence signé au mois de septembre dernier par la ministre de la Santé du Canada, Patty Hajdu, le processus a été accéléré.

Même sans approbation, des doses de vaccin peuvent être livrées et entreposées ici, dans les congélateurs dont on a fait l’acquisition au Canada. Au total, Ottawa en a acheté 126, dont 26 dont la température peut atteindre -80 degrés Celsius, le vaccin de Pfizer devant être conservé à environ -75 degrés.

Legault veut une date

À Québec, le premier ministre, François Legault, a affirmé que le gouvernement se préparait pour être prêt à vacciner dès le 1er janvier.

La campagne de vaccination sera orchestrée dans la province par Jérôme Gagnon – sous-ministre adjoint au ministère de la Santé et des Services sociaux – et le Dr Richard Massé de l’équipe de direction de santé publique. « La seule chose qu’on attend, c’est que le fédéral nous dise quand on va commencer à recevoir les doses puis combien on va en recevoir par semaine », a dit M. Legault.

« Avec la vaccination, l’espoir est là, mais la bataille n’est pas finie. Je reviens sur ce que disait le Dr Anthony Fauci la semaine dernière : c’est pas mal plate, dans une guerre qu’on sait qu’on va gagner, d’être parmi les derniers tombés au combat dans les derniers mois avant la fin de la guerre. Donc, soyez prudents dans les mois qu’il nous reste », a ajouté le premier ministre du Québec.

Le premier ministre Trudeau s’est entretenu jeudi soir avec ses homologues provinciaux et territoriaux. Selon nos informations, aucune date de livraison du vaccin n’a été fournie. « On s’en remet aux experts. Ce n’est pas quelque chose de politique ; il faut absolument garder la confiance des gens », a noté une source fédérale.

Les autorités sanitaires comptent dorénavant offrir une séance d’information technique par semaine sur la vaccination. La semaine prochaine, il sera principalement question de la logistique entourant la distribution du vaccin, une mission à laquelle participeront notamment les Forces armées canadiennes.

– Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse