L’innovation : une plateforme web permettant aux entraîneurs sportifs d’offrir des cours en direct et en ligne, pouvant accueillir jusqu’à 500 élèves, gérant les paiements et générant des rapports d’activité.

Qui ?

Alexandra Reda a obtenu son baccalauréat en commerce à l’Université Concordia en 2015, puis son diplôme en développement des ressources humaines à McGill en 2016 avant de décrocher son master en efficacité organisationnelle à la New York University en 2018. En parallèle, elle a acquis dans ses emplois depuis 2016 une expertise en implantation de logiciels.

Mais surtout, elle est une sportive aguerrie depuis sa tendre enfance. « M’entraîner a toujours été ma grande passion, explique-t-elle. J’ai complété plusieurs marathons, j’ai toujours fait ça toute ma vie. »

Depuis 2018, plus précisément, elle a suivi une formation en cyclisme intérieur, le spinning, et est devenue instructrice en septembre 2019. Tous les gyms en zone rouge sont fermés depuis le 8 octobre dernier.

Alexandra Reda, elle, avait déjà un plan B : elle a fondé en mai 2020 sa plateforme ARINA Live avec l’aide d’un développeur pigiste. Elle a testé à partir de septembre dernier la robustesse de ses logiciels avec un demi-millier de participants et une cinquantaine d’entraîneurs et a obtenu 400 000 $ provenant de deux des 42 investisseurs contactés. ARINA Live a officiellement été lancée le 23 février. Sa fondatrice a recruté deux autres développeurs, et un troisième devrait joindre les rangs bientôt.

Le produit

À la base, ARINA Live est une plateforme web de vidéoconférences offerte aux entraîneurs sportifs, qui peuvent donner leurs cours en direct à leur clientèle. Ils peuvent ouvrir une session bidirectionnelle où toutes les caméras sont ouvertes s’ils ont moins de 50 participants. Entre 50 et 500 usagers, ils basculent en mode diffusion (broadcasting) où seule leur image apparaît.

« Mais on n’est pas dans Zoom : il y a plusieurs outils que les entraîneurs peuvent utiliser, comme partager la musique directement avec la classe, afficher une minuterie, disposer d’une fenêtre de discussion et d’un tableau interactif », précise Mme Reda.

L’autre volet mis sur pied spécifiquement pour les entraîneurs, c’est tout le soutien à l’administration. Les usagers paient leurs cours dans l’interface d’ARINA Live, qui prélève sa cote au passage et envoie l’argent à l’entraîneur. Celui-ci dispose d’un tableau de bord où les tendances de ses revenus et la participation à ses cours s’affichent. « On a gardé ça très simple : j’ai compris que les plateformes existantes ne sont pas développées pour des entraîneurs et sont souvent très difficiles à utiliser pour quelqu’un qui n’a pas suivi de cours de gestion. »

Actuellement, ARINA Live mise sur les entraîneurs – quatre sont enregistrés au moment d’écrire ces lignes – qui attirent leur propre clientèle. Quelque 70 personnes avaient créé leur compte quatre jours après le lancement officiel.

« On vise les entraîneurs, les professionnels qui ont une belle communauté, des personnes qui vont les suivre même à travers la pandémie, explique Mme Reda. Je veux les aider à développer leur propre entreprise. »

Les défis

Développer une plateforme comprenant de la vidéoconférence et des fonctionnalités transactionnelles est un gros défi informatique. Et, de fait, ARINA Live en est encore à régler quelques bogues qui ont ralenti sa progression depuis son lancement.

Comme pour tout réseau, celui d’Alexandra Reda doit attirer le plus d’utilisateurs possible pour devenir… plus attirant.

L’avenir

« On aimerait avoir d’autres développeurs, j’ai tellement d’idées ! », annonce la jeune entrepreneure.

Elle veut ajouter d’autres outils aux vidéoconférences. Par exemple, utiliser les données transmises par une Apple Watch ou un Fitbit pour afficher les fréquences cardiaques ou le nombre de calories dépensées.

Au-delà des séances en direct, on aimerait à l’avenir offrir une plateforme regroupant tout ce dont peut rêver un entraîneur : programmes personnalisés de sport ou de nutrition, banque de vidéos sur demande, vente d’équipement. La présence d’un plus grand nombre d’entraîneurs permettrait également à ARINA Live d’attirer des utilisateurs qui pourraient « magasiner » leurs cours.

Qu’arrivera-t-il à cette plateforme le jour où les gyms rouvriront ? Mme Reda ne semble pas trop inquiète. « Avant la COVID, l’industrie de la fitness numérique était déjà là, ça n’a fait qu’accélérer les choses. Les ventes d’équipement d’entraînement à la maison ont explosé. Je pense que ça va continuer, en formule hybride : les gens vont se rendre dans les gyms et ils vont continuer à s’entraîner chez eux. »