Chaque samedi, un de nos journalistes répond, en compagnie d’experts, à l’une de vos questions sur l’économie, les finances, les marchés, etc.

Pourriez-vous nous expliquer les tenants et aboutissants des rachats d’actions par une entreprise ? Quels sont les avantages, pour l’entreprise, pour les actionnaires restants, pour les vendeurs, etc. ?

Alain Girard

De nombreuses entreprises renouvellent des programmes de rachat d’actions année après année. Le 31 janvier, par exemple, Couche-Tard a révélé son intention de racheter jusqu’à 4 milliards de dollars américains d’actions d’ici la fin de son prochain exercice financier.

L’entreprise pourrait ainsi racheter près de 10 % de toutes ses actions en circulation au cours des 15 prochains mois.

La direction affiche sa confiance de générer plus de liquidités que ce dont elle a besoin dans le cadre de ses opérations et estime voir une occasion d’accroître la valeur pour les actionnaires.

Racheter ses actions à des fins d’annulation est effectivement un signe de confiance démontré par les dirigeants qui estiment que le titre vaut plus cher que son cours actuel, affirme le conseiller financier Robert Hurtubise, chez Valeurs mobilières Peak.

Les entreprises le font par exemple parce qu’elles trouvent que le meilleur bargain – au lieu de réaliser une acquisition – est de réinvestir dans leur entreprise en rachetant des actions.

Robert Hurtubise, conseiller financier chez Valeurs mobilières Peak

Ça peut aussi indiquer que la direction juge que l’action de l’entreprise est sous-évaluée.

Les entreprises québécoises sont nombreuses à racheter leurs actions ces temps-ci. Outre Couche-Tard au Québec, on peut aussi penser à Metro, Gildan, Héroux-Devtek, Stingray et bien d’autres.

Chez Metro, par exemple, le nombre d’actions émises et en circulation est en baisse constante depuis quatre ans. À la fin de 2018, Metro avait 256 millions d’actions en circulation alors que l’épicier montréalais n’en a aujourd’hui que 241 millions.

Les entreprises sont évaluées à l’aide de ratios financiers qui mettent notamment en valeur les profits par action générés. Si le profit demeure le même, mais que le dénominateur (le nombre d’actions) devient moins élevé à la suite de rachats d’actions, une entreprise devrait avoir un avantage et une meilleure évaluation.

Du même coup, pour une entreprise qui verse un dividende, l’exercice permet de réduire le montant total des dividendes à verser. Les rachats d’actions peuvent aussi attirer l’œil des gestionnaires de portefeuille et d’investisseurs, ce qui peut contribuer à la demande pour le titre.

À Toronto, les investisseurs peuvent utiliser le symbole boursier « TXBB » pour suivre l’évolution d’un indice mis sur pied pour mesurer la performance des 50 titres du principal indice de la Bourse de Toronto ayant le ratio le plus élevé de rachats d’actions au cours des 12 derniers mois. Ce ratio se calcule en divisant la somme payée pour racheter des actions par la capitalisation boursière des actions ordinaires au début de la période où les rachats ont commencé.

Les critiques (ou sceptiques) suivront les entreprises dont les dirigeants voudraient faire des rachats d’actions afin d’augmenter la valeur à court terme et ainsi de favoriser leur rémunération liée au rendement, au détriment d’investissements à plus long terme comme l’achat d’actifs ou la recherche et développement, par exemple.

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