Comme vous, je suis déçue que les fêtes de Noël soient annulées à cause de la COVID-19. Pas de tourtière, de dinde, ni d’atocas. Cela vous laissera plus de temps pour cuisiner quelques petites astuces fiscales de fin d’année qui vous permettront d’économiser des impôts le printemps prochain. Voyons voir ce qu’il y a au menu…

Prochain acompte : le 15 décembre

En raison du confinement, les contribuables ont pu reporter au 30 septembre les acomptes provisionnels qu’ils auraient dû payer le 15 juin et le 15 septembre. Désormais, le calendrier normal est de retour. Prochain versement : le 15 décembre.

Si vos revenus ont fondu et que vous prévoyez avoir moins d’impôt à payer pour 2020, il est possible de verser moins que la somme calculée par le fisc. Mais si vous vous trompez, vous aurez à payer des intérêts.

L’Agence du revenu du Canada exige 5 % ou 7,5 % si le contribuable doit plus que 1000 $ d’intérêts. Revenu Québec facture 5 %, ou même 15 % si le particulier n’a pas remis au moins les trois quarts de la somme due à temps. Alors, si vous êtes en retard, donnez la priorité à Québec et assurez-vous de payer au moins 75 % de la facture.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

« En raison du confinement, les contribuables ont pu reporter au 30 septembre les acomptes provisionnels qu’ils auraient dû payer le 15 juin et le 15 septembre », écrit notre chroniqueuse.

Des économies de 80 % avec le REER

Pour beaucoup de ménages, la déduction de revenu que procure le régime enregistré d’épargne-retraite (REER) est doublement payante. Non seulement elle fait économiser des impôts, mais elle permet également d’obtenir davantage de prestations (ex. : crédit pour solidarité, allocation pour enfants).

Ainsi, une cotisation REER peut procurer des « économies sociofiscales » de 80 % ou même plus. Autrement dit, si vous cotisez 1000 $, vous récupérez 800 $. Cette année, ce sera notamment le cas de nombreux travailleurs autonomes qui touchent la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE). Faites vos calculs. Et cotisez à votre REER avant le 1er mars 2021.

Pour digérer votre perte d’emploi

Vous avez perdu votre emploi cette année ? Il est possible de glisser votre indemnité de départ dans votre REER, ce qui vous permettra de réduire la facture fiscale. En plus de vos droits de cotisation inutilisés, vous pouvez cotiser un « extra » de 2000 $ par année de service avant 1996, en plus de 1500 $ pour les années de service avant 1989 dans certains cas, explique Jean-François Thuot, fiscaliste associé chez PwC. Évidemment, il faut avoir été en poste depuis au moins 25 ans pour profiter de ces avantages.

Joyeux 71 ans !

Vous avez eu 71 ans en 2020 ? Songez à faire une dernière contribution REER s’il vous reste des droits de cotisation. La date limite est le 31 décembre.

Après cette date, vous devrez avoir converti votre REER en fonds enregistré de revenu de retraite (FERR). Par la suite, vous devrez faire des retraits annuels minimaux de votre FERR qui augmentent selon votre âge. Mais vous pouvez utiliser l’âge d’un conjoint plus jeune pour déterminer les paiements, ce qui vous permettra de laisser votre argent fructifier plus longtemps à l’abri de l’impôt.

Un peu de souplesse pour les retraités

Le 25 mars dernier, Ottawa a diminué de 25 % les retraits minimums du FERR pour 2020 afin d’éviter que les retraités liquident leur portefeuille à perte. Ceux qui avaient retiré plus que le minimum réduit, au cours des premiers mois de l’année, ne peuvent pas remettre l’excédent dans leur FERR. « Mais pour les gens qui attendent la fin de l’année pour faire leur retrait, il est encore temps de réduire le montant », dit Stéphane Leblanc, fiscaliste associé chez EY.

Rendez vos pertes payantes

Il y a eu de la houle dans les portefeuilles cette année ! Après un plongeon de 35 % dû à la COVID-19, les Bourses ont remonté à des sommets. Le temps est venu de faire le ménage.

Si vous vendez des titres qui ont fondu, avant le 29 décembre, vos pertes en capital vous permettront d’effacer des gains à la Bourse ou dans l’immobilier… et donc de payer moins d’impôt.

Si vous n’avez pas encaissé de gain cette année, vous pouvez remonter trois ans en arrière pour récupérer des impôts que vous avez déjà payés sur de vieux gains. C’est donc votre dernière chance de récupérer des impôts payés en 2017. Sinon, vous pouvez reporter vos pertes indéfiniment dans le futur.

Attention à la règle des pertes apparentes : « Si vous achetez le même titre 30 jours avant ou après la vente, la perte en capital sera refusée », prévient M. Leblanc.

Télétravail et fisc

Ottawa vient d’annoncer que les salariés qui ont été forcés de travailler à domicile à cause de la pandémie auraient droit à une déduction de revenu de 400 $, sans avoir à fournir de reçus. On attend les détails…

« Mais ça peut être insuffisant, en particulier pour les locataires », nuance M. Leblanc. Ceux-ci pourraient économiser davantage avec la méthode longue, car ils peuvent déduire les frais liés à leur bureau (loyer, électricité, chauffage, produits nettoyants, accessoires d’éclairage, etc.) au prorata de l’espace que la pièce occupe dans leur maison.

Surprise fiscale sous le capot

Les employés dont le véhicule est fourni par l’employeur pourraient avoir des surprises, puisque l’avantage imposable dépend de l’usage qu’ils en font. Et cela a certainement changé avec le travail à domicile.

Quand vous utilisez votre véhicule à des fins personnelles plus de la moitié du temps, l’avantage imposable lié au « droit d’usage » est de 2 % de la valeur du bolide (ou les deux tiers du prix de la location), pour chaque mois où vous l’avez eu à votre disposition.

À cause de la COVID-19, certains employés qui n’avaient pas besoin de leur véhicule ont donc remis les clés au patron pour éviter la facture fiscale. « Je l’ai vu chez certains de mes clients : les voitures sont revenues dans le stationnement », rapporte M. Leblanc.

D’autre part, pour réduire l’avantage imposable lié aux « frais de fonctionnement » (essence, assurance, etc.), certains employés peuvent limiter l’usage personnel de leur véhicule de fonction en utilisant le véhicule familial si le ménage en possède deux.

Soyez généreux

Les organismes de bienfaisance ont souffert d’une baisse des dons à cause de la COVID-19. Si vous en avez les moyens, soyez généreux. Vous avez jusqu’au 31 décembre pour faire un don qui vous rapportera un crédit d’impôt combiné pouvant aller jusqu’à 53,3 %.

En passant, il est encore plus avantageux de donner des actions inscrites en Bourse qui ont pris de la valeur, car alors vous n’avez pas à payer l’impôt sur le gain en capital, qui peut s’élever jusqu’à 27 % au taux marginal le plus élevé. Cela vous permet de donner encore plus !