Le scénario d’un lock-out s’est dissipé chez Airbus à Mirabel. Ses 1300 salariés qui assemblent l’A220 acceptent un nouveau contrat de travail, mais leur syndicat prévient l’avionneur qu’il a du pain sur la planche pour rétablir « un bon climat de travail ».

D’une durée de cinq ans, la convention collective prévoit notamment des hausses salariales totalisant 23 %. Deux options s’offraient aux membres de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA) : accepter les recommandations du conciliateur ou les rejeter et se retrouver en lock-out.

Mercredi, ils ont opté pour la première à 77,14 %. Près de 81 % des employés concernés se sont exprimés dans le cadre du vote.

« Malgré le résultat favorable, cette négociation a généré beaucoup de frustration, a indiqué le porte-parole syndical Éric Rancourt. Il en restera des cicatrices et l’employeur va avoir des choses à réparer dans les prochains mois pour ramener un bon climat de travail. »

Airbus voit les choses d’un autre œil. Dans un communiqué, l’avionneur européen estime que le contrat de travail lui permet « de se positionner en tête des employeurs de choix de l’industrie aérospatiale québécoise ».

Il s’agissait d’un quatrième vote pour les membres de l’AIMTA. Le 21 avril dernier, malgré une recommandation de leur syndicat, les salariés – des outilleurs, soudeurs et autres techniciens – avaient rejeté une entente de principe à 68 %. L’accord prévoyait des hausses salariales de 22 % échelonnées sur cinq ans. L’employeur s’était retiré de la table des négociations, ce qui avait incité l’AIMTA à demander la conciliation.

Les deux offres précédentes d’Airbus avaient été rejetées de manière quasi unanime par les salariés, à la recommandation des négociateurs syndicaux.

Toujours déficitaire, l’A220 doit être en mesure de produire mensuellement 14 appareils à Mirabel et Mobile (Alabama) en 2026 pour sortir du rouge, selon Airbus. La cadence de production actuelle doit donc doubler d’ici deux ans pour atteindre cet objectif.

Tout retard sur l’échéancier de rentabilité risque d’avoir des conséquences pour les contribuables québécois, qui détiennent 25 % de ce programme développé par Bombardier après y avoir injecté 1,7 milliard depuis 2015. En acceptant de remettre 380 millions en 2022, Québec avait pu repousser à 2030 le moment où Airbus peut racheter sa participation dans l’A220.

Plus les profits se font attendre, plus l’État québécois laissera de l’argent sur la table.

Les augmentations salariales de la convention collective seront de 8 %, 3 % et 4 % pour les trois années suivantes. Elles s’appliqueront rétroactivement au 2 décembre dernier.

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    Livraisons de l’A220 effectuées par Airbus après les trois premiers mois de 2024.
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