(New York) Après avoir tout fait pour y résister, Boeing s’est résolue hier à suggérer aux autorités d’imposer aux pilotes de son 737 MAX une formation en simulateur. La décision pourrait être très bénéfique pour l’entreprise montréalaise CAE.

« C’est clairement une opportunité pour nous, parce que nous sommes le plus grand fabricant de simulateurs de vol pour cet appareil », a convenu hier la vice-présidente aux affaires publiques et aux communications mondiales de CAE, Hélène V. Gagnon.

Durant la conception du 737 MAX, une version améliorée du 737 NG, Boeing a tout fait pour éviter que les pilotes certifiés pour l’ancien modèle ne doivent être formés en simulateur pour le nouveau, ce qui aurait entraîné pour ses clients des millions de dollars en frais de formation. L’importance accordée à cet objectif a maintes fois été montrée du doigt comme l’une des responsables de certaines décisions ayant mené à des problèmes de sécurité sur l’appareil.

L’entreprise a avisé hier la Federal Aviation Administration (FAA) américaine de sa suggestion d’imposer maintenant de telles formations. La décision appartient à l’autorité gouvernementale, mais il serait étonnant qu’elle ne respecte pas cette suggestion.

CAE est prête

La décision pourrait retarder encore davantage le retour en vol du 737 MAX. Selon le New York Times, il n’existe à l’heure actuelle que 34 simulateurs de vol pour cet appareil dans le monde.

La majorité d’entre eux ont été fabriqués par CAE, qui affirmait en avoir livré 23 en date de la mi-novembre, dont neuf entre les mois de mars et de septembre derniers.

Au moment de publier les résultats financiers de son deuxième trimestre, en novembre dernier, CAE avait averti les marchés qu’elle avait amorcé la production d’un nombre indéterminé de simulateurs de 737 MAX à son propre compte, avant même qu’une commande ne soit passée, parce qu’elle anticipait une forte demande, que les autorités imposent des séances de simulateur ou non.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Parent, président et chef de la direction de CAE

« Ce que l’on constate, c’est que les lignes aériennes ne se contentent généralement pas du minimum demandé par les régulateurs, avait alors expliqué le président et chef de la direction, Marc Parent. C’est ce que nous prévoyons encore. Je m’attends à ce que certaines, même si les exigences ne devaient pas être modifiées, en fassent plus et veuillent avoir leur propre simulateur. »

Selon Mme Gagnon, il serait plus facile pour CAE que pour ses concurrents de profiter d’une hausse subite de la demande, en raison de sa taille.

« Le fait d’avoir du volume nous donne de la flexibilité », estime-t-elle. Il faut actuellement compter environ un an entre la commande et la réception d’un simulateur d’appareil 737 MAX. « Mais s’il faut qu’on augmente la production, on va être capable de le faire. »

CAE exploite aussi elle-même deux de ces simulateurs, à Dallas et à Toronto, dans le cadre de son offre de services. La demande pour ceux-ci serait elle aussi appelée à augmenter.

Le titre de CAE a avancé de 0,7 % hier à la Bourse de Toronto, pour se négocier à 35,81 $.