Bombardier devrait céder maintenant à Airbus sa participation dans le partenariat C Series (A220), selon BMO, c’est-à-dire beaucoup plus tôt que ce que prévoit l’entente signée entre les parties.

Utiliser le produit de la vente pour réduire le niveau d’endettement pourrait devenir une source importante de création de valeur, peut-on lire dans un rapport de recherche publié hier par BMO. Les coûts de financement diminueraient, mais, possiblement plus important encore, cela contribuerait à atténuer les craintes des investisseurs au regard des liquidités de l’entreprise dans le contexte actuel de fin de cycle et d’incertitude économique, est-il précisé.

« La valeur de la participation dans le partenariat combinée au montant que doit rapporter la vente des jets régionaux et éventuellement des actifs de la division aérostructures est supérieure à la capitalisation boursière actuelle de Bombardier », calcule Fadi Chamoun.

Cet analyste croit que Bombardier peut obtenir 2,3 milliards US de la part d’Airbus, de 700 à 800 millions US pour les actifs de la division aérostructures, en plus des 550 millions US pour son programme CRJ, une transaction qui doit être conclue au cours des six premiers mois de la prochaine année.

Au total, c’est 3,6 milliards US que Bombardier peut s’attendre à obtenir en vendant ces actifs, pense Fadi Chamoun.

Ça pourrait significativement améliorer les flux de trésorerie libres annuels récurrents de Bombardier.

Fadi Chamoun

En clôturant à 1,63 $ hier à Toronto, l’action de Bombardier donne une capitalisation boursière d’environ 3,8 milliards de dollars canadiens à l’entreprise montréalaise. Le titre de Bombardier a touché il y a deux semaines son plus bas niveau des 52 dernières semaines en Bourse. Les investisseurs semblent s’attendre à de mauvaises nouvelles lorsque Bombardier dévoilera ses prochains résultats trimestriels à la fin du mois (possiblement du côté des flux de trésorerie libres, selon la Financière Banque Nationale).

Rembourser Investissement Québec

Selon l’évaluation de Fadi Chamoun, Investissement Québec – qui avait accepté il y a quatre ans d’investir 1 milliard US dans la C Series – rentrerait dans son argent. Si la participation de 34 % de Bombardier vaut 2,3 milliards, la participation de 16 % d’Investissement Québec vaut donc 1,1 milliard US.

Investissement Québec avait débloqué 1 milliard US en 2016 pour une participation de 49,5 % dans le programme C Series. Cette participation a reculé à 16 % l’an passé après qu’Airbus eut obtenu 50 % du programme.

Avec un carnet de commandes pour 525 appareils, le programme A220 s’avère de plus en plus stratégique pour Airbus, souligne Fadi Chamoun.

Racheter maintenant la participation des actionnaires minoritaires pourrait être plus intéressant pour Airbus que lorsque le programme atteindra un taux de production encore plus élevé.

Fadi Chamoun

Si, comme le pense Fadi Chamoun, la vente d’actifs non stratégiques peut rapporter 3,6 milliards US à Bombardier, le rachat de la participation détenue par la Caisse de dépôt et placement du Québec dans Bombardier Transport (évaluée approximativement à 2,3 milliards US) est envisageable dans les différents scénarios de désendettement.

« En se départissant d’actifs non essentiels, et en délaissant complètement le créneau des avions commerciaux tout en tentant de régler les problèmes de liquidités à court terme, Bombardier sera en bien meilleure position pour se concentrer sur ses forces : le transport et les avions d’affaires. »

« Notre désendettement fait partie de notre plan de redressement de cinq ans, ce qui amène Bombardier à prendre des actions de restructuration », commente la porte-parole de Bombardier, Jessica McDonald. « Et c’est ce que nous faisons depuis l’arrivée d’Alain Bellemare en 2015. Nous continuons à travailler dans ce sens avec l’objectif de créer de la valeur pour l’entreprise. »

L’entente de principe entourant le partenariat C Series stipule qu’Airbus peut racheter la participation de Bombardier sept ans et demi après la clôture de la transaction survenue en juillet 2018, et racheter celle d’Investissement Québec en 2023.