(QUÉBEC) Le gouvernement Legault n’épongera pas le déficit des caisses de retraite du Groupe Capitales Médias, et il n’exigera pas non plus qu’un éventuel acheteur le fasse.

« On ne peut pas garantir des fonds de pension », a résumé le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, jeudi, en marge du caucus des députés caquistes à Rivière-du-Loup.

GCM s’est placé à l’abri de ses créanciers, le mois dernier, et Québec lui consenti un prêt de 5 millions pour maintenir ses opérations jusqu’à la fin de l’année. Le groupe qui exploite Le Soleil, Le Droit, Le Nouvelliste, La Tribune, La Voix de l’Est et Le Quotidien est donc à vendre.

L’état des régimes de retraite de la société a suscité maintes craintes chez les artisans de l’entreprise au cours des dernières semaines. Ils soutiennent environ 1000 retraités, mais seulement 400 employés actifs y contribuent.

Le déficit actuariel des différents régimes de GCM s’élève à 65 millions. Les taux de solvabilité varient entre 75 % et 78 % d’un quotidien à l’autre.

Ce déficit pourrait constituer une charge importante pour le prochain propriétaire.

Selon Pierre Fitztgibbon, ce ne sera pas un obstacle à la vente du groupe.

« Il y a de l’argent dans la caisse de retraite, 225 millions je pense, a-t-il dit. Ce n’est pas un trou sans fond. »

Si l’entreprise poursuit ses activités, des travailleurs actifs continueront à cotiser aux régimes, a-t-il souligné. Cela leur permettrait de rester à flot.

En revanche, le gouvernement n’empêchera nécessairement pas un repreneur d’acquérir un quotidien sans assumer les obligations de la caisse de retraite de ses employés.

« S’il y a deux acheteurs pour Le Soleil, on va prendre l’offre qui est la plus pertinente pour nous autres, a dit M. Fitzgibbon. S’il y a seulement une offre, il faudra négocier avec les employés. »

Ces commentaires surviennent quelques heures avant une réunion des employés du Soleil. Plusieurs retraités de ce quotidien ont exprimé de l’inquiétude au cours des derniers jours. Ils craignent que leur rente soit amputée, parfois de plusieurs milliers de dollars par année, si le quotidien cesse ses opérations.

Certains d’entre eux souhaitent que Power Corporation prenne à sa charge les régimes de retraite puisque cette société a longtemps été propriétaire des quotidiens de GSM. Ils notent qu’elle a déjà assumé la responsabilité de celui des employés de La Presse lors de sa transformation en organisme à but non lucratif (OBNL) l’an dernier.

« Cette dette, en réalité, elle devrait appartenir aux frères Desmarais, à Power Corporation », a indiqué Robert Fleury, ancien journaliste du Soleil.

Non seulement une telle mesure permettrait de sauver la rente des travailleurs, elle faciliterait aussi la vente de GCM, note M. Fleury.

« S’il y a une fin de régime — et c’est ce qui s’annonce — ça veut dire que les employés vont perdre à peu près 22 %, a-t-il noté. On imagine bien qu’il n’y a pas un repreneur qui va vouloir relancer Le Soleil ou le Groupe Capitales Médias avec une dette globale de 65 millions dans les fonds de pension. »

Avec la collaboration de Tommy Chouinard