Apple a marqué l'Histoire de Wall Street jeudi en devenant la première entreprise privée au monde à dépasser le cap des 1000 milliards de dollars en Bourse, une étape couronnant plusieurs décennies de produits qui ont révolutionné notre rapport à la technologie.

Mac, iPod, iPad, et surtout iPhone, le groupe né dans un garage en 1976 fait désormais partie du quotidien, la pomme représentant la marque ayant imprimé son empreinte sur la culture populaire.

Ce succès se matérialise par des performances record trimestre après trimestre. En Bourse, le titre s'envole.

L'action Apple a clôturé jeudi à 207,39 dollars (+2,92%). À ce prix, la capitalisation boursière du groupe a atteint 1001,7 milliards de dollars. L'équivalent du Produit intérieur brut de l'Indonésie et plus du double de celui de la Belgique (492 mds), selon les données de 2016 de la Banque mondiale.

«Apple est une entreprise extraordinaire», résumait récemment Bill Gates lui-même, patron d'un autre mastodonte historique de la «tech», et grand rival d'Apple, Microsoft, qui vaut 818 milliards de dollars à Wall Street. «Les géants technologiques font (tous) de très très gros bénéfices en ce moment, mais Apple en (engrange) l'essentiel», ajoutait-il sur la chaîne CNBC.

Après avoir frôlé la faillite dans les années 1990, le groupe a su se réinventer sous la houlette de son ancien patron-fondateur, le charismatique Steve Jobs, décédé en 2011. À l'époque, le groupe ne valait «que» 350 milliards de dollars.

Avec ses produits considérés par beaucoup comme novateurs voire révolutionnaires, Apple a aussi bouleversé notre rapport à la technologie, en proposant de nouvelles façons d'écouter de la musique, de surfer partout sur internet ou même... de surveiller sa ligne grâce à sa montre connectée.

Amazon en embuscade 

Même si techniquement le seuil des 1000 milliards de dollars n'est pas vraiment significatif, les courtiers de Wall Street affectionnent le symbole que représentent les chiffres ronds.

«La barre des 1000 milliards est surtout psychologique en envoyant au marché un message de croissance et d'importance», remarque Howard Silverblatt, spécialiste des indices pour S&P Dow Jones Indices.

Dans la salle de marchés de la banque LBBW à New York, «il n'y a pas eu d'excitation particulière», a observé Karl Haeling, l'un de ses stratégistes.

«Que l'entreprise vaille 990 milliards ou 1000 milliards de dollars en Bourse, cela ne change pas grand chose pour les investisseurs», souligne-t-il. «C'est surtout la preuve de l'importance qu'a pris Apple» dans l'économie américaine.

Désormais dirigé par Tim Cook, le groupe californien a encore manifesté cette semaine sa santé insolente à l'occasion de la publication de ses résultats trimestriels: 53,3 milliards de dollars de chiffre d'affaires entre avril et juin pour un bénéfice net de 11,5 milliards.

Assis sur de colossales réserves d'argent, l'entreprise californienne a aussi procédé ces dernières années à de nombreux rachats d'actions, dopant automatiquement la valeur du titre.

Aussi, Apple a bondi de plus de 22% en Bourse depuis le début de l'année.

Les analystes s'inquiètent parfois de voir la marque à la pomme ne pas sortir de nouvel appareil aussi marquant que l'iPhone, lancé en 2007. Et régulièrement, les marchés boursiers bruissent de rumeurs sur une baisse possible des ventes du téléphone, qui représente plus de la moitié de son chiffre d'affaires.

Mais pour Benedict Evans, du fonds d'investissement Andreessen Horowitz et expert reconnu du secteur technologique, c'est la capacité d'Apple à surprendre qui constitue son plus.

«La tendance qu'ont beaucoup de gens dans la «tech» de présumer qu'un produit Apple va connaître un échec parce que (l'entreprise) fait des choix qu'ils n'auraient pas faits est l'un de (ses) plus gros avantages compétitifs», dit-il sur Twitter.

Incursion dans le «cloud», l'informatique dématérialisée, lunettes connectées ou voitures autonomes? Les spéculations sur l'avenir du groupe vont bon train.

Plusieurs entreprises sont en tout cas en embuscade pour ravir à Apple sa première place à Wall Street. À commencer par Amazon, le géant du commerce en ligne et du «cloud», qui vaut actuellement environ 895 milliards de dollars en Bourse après s'y être apprécié de plus de 50% depuis le début de l'année, et semble étendre chaque jour ses tentacules sur un nouveau pan de l'économie.