(Toronto) Le ministre fédéral de l’Industrie affirme que malgré les données démontrant que le coût des services de télécommunications a diminué au Canada, de nombreux Canadiens n’en ressentent toujours pas les effets.

S’exprimant lundi lors du 23Sommet canadien des télécommunications au centre-ville de Toronto, le ministre François-Philippe Champagne a déclaré qu’il voulait s’assurer que les Canadiens sont conscients des offres améliorées sur le marché à mesure que leur consommation de téléphonie cellulaire et de l’internet augmente.

« Notre défi est que les Canadiens le ressentent », a-t-il affirmé lors d’une table ronde dirigée par le président de l’Association canadienne des télécommunications, Robert Ghiz.

« Parfois, mon défi est que les données disent quelque chose, mais que les gens disent : “Et qu’en est-il de ma situation personnelle ?” », a-t-il ajouté.

M. Ghiz a souligné les données de Statistique Canada montrant que les prix des forfaits de téléphonie cellulaire ont baissé d’environ 50 % au Canada au cours des cinq dernières années, dont 26 % au cours de la dernière année.

« Je sais qu’un politicien et un gouvernement ne déclareront jamais que leur mission est accomplie, a déclaré M. Ghiz, dont l’association représente les opérateurs et les fabricants de l’industrie. Mais allez-vous au moins vous attribuer un peu de mérite, et en accorder peut-être un peu à l’industrie ? »

M. Champagne s’est dit satisfait des chiffres, qui correspondent aux dernières offres de forfaits sur le marché, mais a reconnu qu’ils ne reflètent pas les prix payés par ceux qui utilisent encore les anciens forfaits de téléphonie mobile et internet.

« Les prix des téléphones portables et de l’internet constituent un élément essentiel du budget de la plupart des familles canadiennes et constituent un poste très coûteux. Les gens sont donc à juste titre préoccupés – pas seulement au Canada, je dirais dans différentes parties du monde », a déclaré le ministre.

« Donc, oui, nous allons continuer à faire pression et à nous assurer que nous faisons notre part par le biais de la réglementation et autrement, que les Canadiens voient ce que l’industrie a fait en ce qui a trait aux moyens plus simples de magasiner et de modifier ses plans », a-t-il poursuivi.

Des plans adaptés aux besoins des usagers

Dans une entrevue, M. Champagne a déclaré qu’une partie de la solution consiste à encourager les opérateurs à informer de manière proactive leurs clients existants lorsqu’ils ont la possibilité de réduire leur facture mensuelle grâce à un nouveau forfait disponible.

Mais les critiques ont également fait valoir que, même si bon nombre de ces nouveaux forfaits permettent aux clients de payer moins par gigaoctet de données, certains obligent les clients à acheter de grandes quantités dont ils n’ont pas nécessairement besoin.

« Nous devons nous assurer que les opérateurs disposent de plans adaptés aux besoins des différentes personnes en fonction de leur utilisation, a déclaré le ministre. Si tous ces forfaits existent et que l’on a le sentiment que les gens ne les voient pas, c’est probablement parce que tout le monde doit faire un meilleur travail pour informer les gens sur ce qui est disponible. »

Par ailleurs, un nouveau rapport de PricewaterhouseCoopers, commandé par l’association des télécommunications, indique que le secteur canadien des télécommunications a dépensé 11,4 milliards en investissements en capital en 2023 pour étendre les réseaux sans fil et à large bande, ce qui représente 42,6 % de plus par abonné, en moyenne, que les dépenses des opérateurs aux États-Unis, au Japon, en Australie et en Europe.

Technologie satellite

Lors de son discours, M. Champagne a annoncé que le gouvernement fédéral lancerait une consultation sur la manière d’étendre les services sans fil grâce à la technologie satellite.

Malgré l’argent dépensé pour étendre les réseaux, il a souligné que des obstacles à la connectivité subsistent pour les habitants des régions rurales et éloignées du Canada.

« C’est la nouvelle génération où les Canadiens pourront utiliser leur téléphone actuel, ou essentiellement la prochaine version de celui-ci, pour pouvoir bénéficier d’une connectivité absolue », a déclaré M. Champagne.

Avec l’augmentation des catastrophes naturelles, il a indiqué que cela servirait également de forme de résilience des réseaux lorsque les réseaux traditionnels tombent en panne.

Certains opérateurs canadiens ont déjà commencé à explorer la connectivité par satellite.

Telus a annoncé l’année dernière avoir testé avec succès une technologie permettant aux téléphones intelligents d’envoyer et de recevoir des appels vocaux et des messages texte à l’aide de satellites. Le test a été réalisé en partenariat avec le fournisseur montréalais Terrestar Solutions et le fournisseur de services de réseau non terrestre Skylo.

Le groupe Rogers s’est associé à SpaceX et Lynk Global pour offrir une connectivité satellite-téléphone, tandis que le fournisseur d’accès internet rural Xplore, établi au Nouveau-Brunswick, s’est engagé à offrir l’internet par satellite dans les endroits éloignés l’automne dernier après le lancement du satellite Jupiter 3 dans l’espace.

Des règles « dépassées », selon M. Péladeau

M. Ghiz a déclaré qu’il était « essentiel » que les opérateurs bénéficient d’un environnement réglementaire stable qui encourage les investissements afin de soutenir des dépenses élevées.

Lors d’une présentation distincte, le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a soutenu que davantage de changements étaient nécessaires en matière de réglementation afin de favoriser la concurrence et de faire baisser les prix.

M. Péladeau, dont l’entreprise a agrandi sa filiale Vidéotron après l’achat de Freedom Mobile l’année dernière, s’est engagé à développer des réseaux 5G partout au Canada dans les années à venir. Entre-temps, l’entreprise profite du cadre d’exploitant de réseau mobile virtuel (ERMV) mis en place par le CRTC, qui permet aux sociétés de télécommunications d’offrir des services de téléphonie cellulaire via les réseaux des opérateurs concurrents.

Les règles visent à accroître la concurrence dans le domaine de la téléphonie mobile en donnant aux opérateurs régionaux une présence dans des régions qu’ils ne desservaient pas auparavant, avec l’obligation de construire leurs propres réseaux dans ces zones dans un délai de sept ans.

Mais M. Péladeau a déclaré que Québecor est freinée par des règles « dépassées », comme celles qui permettent aux principaux opérateurs d’offrir des services à leurs clients à un prix de détail inférieur au tarif que paient les ERMV pour l’accès au réseau.

« Nous ne sommes pas des parasites et nous n’allons pas être sur le réseau des autres et faire des choses qui ne créeront pas de valeur, a-t-il déclaré. La condition est de construire, mais avant de construire, il faut avoir accès. Nous devons nous assurer que les frais d’itinérance qui en résultent diminueront également. Sinon, nous n’aurons pas les conditions appropriées pour continuer à favoriser la concurrence. »