La technologie et les données secouent enfin le monde de l’immobilier commercial, permettant à l’industrie de prendre des décisions plus éclairées, de s’ajuster plus rapidement aux tendances de consommation et d’entreprendre des projets plus complexes, indique le cabinet de conseil Altus Group.

La firme immobilière de Toronto a indiqué lundi que pour la première fois, la majorité des 400 dirigeants mondiaux du secteur de l’immobilier commercial interrogés dans le cadre d’un sondage ont dit observer l’incidence perturbatrice de la technologie sur l’industrie.

Ce changement intervient alors que la vague d’investissements et de démarrage d’entreprises des dernières années commence à montrer des résultats et des perspectives de changement, a expliqué le chef de la direction d’Altus, Bob Courteau.

« Il existe plusieurs sociétés vraiment dynamiques qui sont entrées dans l’immobilier à l’échelle mondiale, et elles s’y sont présentées avec une vision complètement différente de l’importance des données et de la technologie. »

De nouvelles entreprises et de nouveaux cadres dans les entreprises existantes ont provoqué un changement significatif dans la réflexion sur le rôle de la technologie dans cet espace, a-t-il poursuivi.

« La façon de faire des gestionnaires de l’immobilier commercial historique consistait à mettre leurs investissements sur le terrain, pas dans des choses comme les données et la technologie. »

Le changement est flagrant au niveau de la direction, où 80 % des 350 entreprises interrogées déclarent désormais avoir un directeur des données ou un cadre supérieur équivalent, contre seulement 44 % il y a quatre ans.

« Les deux ou trois dernières années ont vu une explosion de changement », a indiqué M. Courteau.

WeWork est peut-être l’entreprise la plus connue dans le secteur, mais les nouveaux arrivants se comptent par milliers, selon certaines estimations.

Le géant de l’immobilier Brookfield Asset Management, par l’entremise de sa division de risque Brookfield Technology Partners, a récemment investi dans des sociétés telles que le fournisseur de logiciels de location VTS, le fournisseur de matériel de porte automatisée Latch et le fournisseur de logiciels d’entrepreneur Building Connect.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

WeWork est peut-être l’entreprise la plus connue dans le secteur, mais les nouveaux arrivants se comptent par milliers, selon certaines estimations.

Parallèlement, le fournisseur de services immobiliers Jones Lang LaSalle IP a lancé un fonds de capital de risque de 100 millions US en 2018 pour investir dans la technologie de propriété, ou « proptech », rejoignant un club de plus en plus populaire.

Au Canada, le secteur de la technologie a vu arriver de nombreuses jeunes pousses, y compris Yuhu, qui propose des logiciels pour les gestionnaires d’immeubles, Breather, un fournisseur d’espace de bureau à la demande, Lane, une application mobile pour les locataires, et MapYourProperty, qui fournit des analyses pour le développement de terrains.

Les premiers entrants en proptech se concentraient davantage sur l’efficacité, comme la réduction des coûts énergétiques ou l’automatisation des tâches répétitives, mais avec la richesse des données disponibles, il est possible d’améliorer la planification future et la prise de décisions plus difficiles, a affirmé M. Courteau.

« Qu’est-ce que je vais construire, quel est le coût de construction, quelles sont les tendances de consommation, quels sont les quartiers à la veille d’être populaires, comment créer un environnement mixte ? […] C’est un environnement riche en données qui peut avoir un impact significatif sur la valeur du nouveau bâtiment que vous êtes sur le point de construire. »

L’enquête a noté que la technologie a permis de nombreuses tendances, y compris la cohabitation multifamiliale, une sorte d’arrangement de style-dortoir avec une petite chambre privée et un espace de vie et de cuisine partagé, ainsi que des espaces de cotravail et de nouveaux modèles pour l’immobilier du commerce de détail, afin d’offrir davantage d’options et de visibilité.

Bien que l’adoption ait été plus lente au Canada, de nombreux marchés mondiaux ont également commencé à profiter des marchés en ligne pour supprimer les intermédiaires dans les prêts, les investissements, la location et les échanges immobiliers. Selon l’enquête, l’engouement pour les entreprises de technologie de propriété annonce probablement une consolidation importante. La plupart des dirigeants canadiens interrogés s’attendent à ce qu’elle survienne dans les 12 à 24 prochains mois.