Ottawa ne devrait pas accepter d’aider Air Canada sans que celle-ci maintienne ses commandes pour 12 appareils A220 et règle l’action collective déposée par les anciens employés d’Aveos, exigent respectivement le Bloc québécois et d’anciens employés des centres d’entretien d’appareils.

L’annulation par Air Canada, lundi, de 12 des 45 commandes fermes d’appareils A220-300 assemblés par Airbus à Mirabel a relancé l’épineux dossier Aveos. Le transporteur a fermé en 2012 ses centres d’entretien d’appareils à Montréal, à Winnipeg et à Mississauga, supprimant ainsi 2600 emplois chez Aveos, dont 1800 au Québec, et déclenchant une série de recours judiciaires à son endroit.

Québec et Ottawa ont tourné la page en 2016. En échange d’une commande de 45 appareils qui allait s’avérer cruciale à la survie de ce qui s’appelait alors la C Series, Québec acceptait de mettre fin à ses recours, tandis qu’Ottawa s’engageait à modifier la loi ayant mené à la privatisation d’Air Canada pour en retirer les obligations liées à l’entretien. Air Canada s’engageait aussi à créer au Québec un « centre d’excellence » pour l’entretien des A220.

Quatre ans plus tard, les deux engagements d’Air Canada ont du plomb dans l’aile. Le centre d’excellence n’existe toujours pas, relèvent Xavier Barsalou-Dorval, porte-parole du Bloc québécois en matière de transports, et Jean Poirier, porte-parole des anciens employés d’Aveos. Et la commande ferme est passée lundi de 45 à 33 appareils A220, Air Canada évoquant ses difficultés financières liées à la pandémie pour justifier ce recul. Dix commandes d’appareils 737 MAX 8 de Boeing ont aussi été annulées.

C’est particulièrement frustrant quand on sait qu’on a sacrifié 1800 emplois pour sauver la C Series. On est encore une fois perdants.

Xavier Barsalou-Dorval, porte-parole du Bloc québécois en matière de transports

« Quand j’ai vu que [Air Canada] ne respecterait même plus l’entente sur l’achat d’avions, je me suis dit : ‟Voyons donc !” », raconte pour sa part M. Poirier. « On a perdu 2600 emplois au Canada, 1800 au Québec, en échange d’une entente qu’ils ne suivront même pas. »

Conditions à l’aide financière

Dimanche, le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a annoncé qu’Ottawa amorçait des discussions avec les transporteurs aériens en vue d’une aide financière. Il a annoncé deux conditions : le remboursement des billets non utilisés par les voyageurs en raison de la pandémie et le maintien de certaines liaisons régionales.

Pour M. Poirier, il en faudrait une troisième.

« Ce que je dis à Justin Trudeau, c’est : réglez les choses. On dit qu’on va rembourser les voyageurs qui ont un crédit de 2000 $, 5000 $ ou peut-être 10 000 $. Moi, j’ai 2600 familles qui ont perdu leur source de revenus. »

Ce que je demande, c’est de forcer Air Canada à régler le recours collectif au plus sacrant.

Jean Poirier, porte-parole des anciens employés d’Aveos

Il existe en effet toujours une action collective opposant les anciens d’employés d’Aveos à Air Canada. Celle-ci couvre la période de 2012 à 2016, la loi ayant été modifiée en 2016. Le procès doit débuter dans un an, en octobre 2021.

Quant au Bloc québécois, il envisage plutôt de forcer Air Canada à rétablir les 12 commandes annulées.

« Il faut que ça fasse partie des conditions pour une aide à Air Canada. M. Garneau a les moyens de s’assurer qu’Air Canada respecte ses promesses. »