(Paris) La crise du Boeing 737 MAX, après deux accidents qui ont fait 346 morts, sera « probablement » « le plus gros sinistre de l’histoire » pour le secteur de l’assurance aviation, a estimé mardi un responsable de l’agence de notation S&P Global Ratings.

Cette crise « va avoir des conséquences » pour les assureurs et réassureurs concernés, a expliqué Marc-Philippe Juilliard, directeur chez S&P Global Ratings, lors d’une conférence de presse.

Car outre les accidents, le montant des indemnisations liées à l’immobilisation des appareils sera « d’autant plus élévé que la période d’indisponibilité est rallongée », a-t-il ajouté, tout en soulignant qu’il est « trop tôt » pour estimer le coût de ce dossier pour les assureurs et les réassureurs, qui interviennent de manière significative dans l’aviation.  

Les réassureurs, qui sont les assureurs des assureurs, prennent le relais au-delà d’un certain montant de dégâts.

« Nous pourrons commenter à partir du moment où les avions seront petit à petit autorisés à voler dans les différentes zones du monde. Mais de toute évidence cela va coûter de l’argent au secteur », a dit M. Juilliard.  

L’horizon semble toujours bouché pour l’avionneur, aucune autorisation de vol n’ayant été à ce jour accordée pour son avion-vedette, cloué au sol depuis près de six mois après la succession de deux accidents avec les compagnies Ethiopian Airlines en mars (157 morts) et Lion Air en octobre (189 morts).

La compagnie aérienne américaine United Airlines a récemment prolongé l’annulation de tous les vols programmés sur ses 14 Boeing 737 MAX jusqu’au 19 décembre.

Parallèlement, une filiale du conglomérat militaro-industriel russe Rostec a assigné fin août en justice Boeing pour demander l’annulation d’une commande de trente-cinq avions 737 MAX.

Fin juillet, l’avionneur avait annoncé une perte record de 2,94 milliards de dollars US au deuxième trimestre, conséquence des déboires du 737 Max.

Selon les dernières estimations établies cet été, la facture pour Boeing s’élève pour l’instant à quelque 8 milliards de dollars US et ne comprend pas les indemnisations des familles de victimes, qui ont déjà porté plainte, ou d’éventuelles amendes et règlement de litiges.

Ce montant inclut notamment une charge de 5,6 milliards de dollars US dans les comptes de l’avionneur pour les compensations des compagnies aériennes. Celles-ci ont dû annuler des milliers de vols depuis l’immobilisation du 737 MAX et remplacer ces avions dans leurs plans par d’autres appareils.