Québec a choisi le site du futur centre hospitalier universitaire de l’Outaouais. Il sera érigé sur les terrains du Centre Asticou, situé dans le parc de la Gatineau. Le gouvernement affirme que le lieu fait « consensus ». Mais la nouvelle mairesse de Gatineau se dit « très préoccupée » par cette décision. Une coalition d’organismes dénonce l’absence de consultation de la communauté.

Le gouvernement québécois a annoncé un premier site pour la construction du futur hôpital de l’Outaouais il y a deux ans. Le lieu sélectionné, situé dans un parc industriel de Gatineau, a finalement été écarté pour des raisons de contamination et de coûts d’expropriation.

Québec a confirmé jeudi le choix du site Asticou pour la construction du futur hôpital. Il a signé une entente de principe avec le gouvernement fédéral qui lui transférera une partie du terrain et du bâtiment du centre Asticou. Il a aussi annoncé l’acquisition d’un immeuble du centre-ville de Gatineau afin d’y regrouper, entre autres, des services de première ligne et un centre de prélèvement et de vaccination.

Selon le ministre de la Santé Christian Dubé, l’hôpital de 600 lits ouvrira, comme prévu, en 2032. « Le choix du site nous permet de [construire] le plus rapidement possible et à des coûts qui vont respecter la rigueur de gestion », a-t-il dit lors d’une conférence de presse tenue à Gatineau en compagnie de plusieurs élus provinciaux et fédéraux. Le ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, était notamment présent.

Près d’une quarantaine de sites ont été analysés, selon le ministre québécois responsable des infrastructures, Jonatan Julien. Trois sont sortis du lot. « Honnêtement, la conclusion est claire : le meilleur site – et de loin je dirais –, c’est le site Asticou », a-t-il dit.

Le gouvernement estime qu’il présente les « qualités requises notamment en ce qui a trait à ses caractéristiques techniques, à sa position géographique dans la ville à proximité des cégeps, des écoles et des services, à son accessibilité en transport en commun ».

Réactions

La nouvelle mairesse de Gatineau, Maude Marquis-Bissonnette, affirme être « très préoccupée » par ce lieu qui, dit-elle, « ne respecte pas les orientations de la Ville en matière d’aménagement du territoire ». Selon elle, le projet aura « des impacts importants » sur les infrastructures municipales, notamment les routes, les aqueducs et le transport en commun.

« On parle de 5000 travailleurs par jour, plus les patients, donc des milliers de personnes qui vont converger vers ce site-là chaque jour, dit-elle. C’est là où il y a des enjeux, parce que c’est un secteur pour lequel les routes n’accueillent pas un si grand débit véhiculaire. Il n’y a pas un transport en commun pour facilement accéder à ce site-là. »

PHOTO SIMON SÉGUIN-BERTRAND, ARCHIVES LE DROIT

Maude Marquis-Bissonnette, mairesse de Gatineau

Maude Marquis-Bissonnette estime que les frais seront importants pour la Ville. Elle croit que le gouvernement québécois les sous-estime.

Oui, Québec choisit un site où c’est plus facile de construire parce que c’est un site qui est un peu excentré, mais il transfère en quelque sorte la facture à la Ville.

Maude Marquis-Bissonnette, mairesse de Gatineau

De leur côté, la Coalition pour un centre hospitalier accessible et durable en Outaouais (CCHADO) et l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) déplorent « le manque de vision » du gouvernement dans ce dossier.

« On a senti qu’il y avait peu de volonté de trouver un site qui respecte les orientations du gouvernement du Québec en matière d’aménagement du territoire, en matière de mobilité et en matière de santé », dit le porte-parole du CCHADO, Patrick Robert-Meunier.

La Coalition – qui regroupe une douzaine de membres dont MOBIO-O, la Chambre de commerce de Gatineau et Vision Centre-ville – affirme n’avoir jamais été consultée par le gouvernement. « Aujourd’hui, on a annoncé un projet pour la communauté, mais c’est un projet qu’on a fait sans elle », pense Patrick Robert-Meunier.

Questionné au sujet des opposants au site annoncé, le ministre responsable de la région de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, a répondu que la décision du gouvernement « fait consensus dans la région ». « Pas l’unanimité, mais consensus », a-t-il précisé.

Mathieu Lacombe a énuméré une série d’acteurs en faveur du site Asticou, notamment les préfets de la région, des syndicats en santé et le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) du CISSS de l’Outaouais.

Le président par intérim du CMDP, le DPeter Bonneville, confirme qu’il appuie le choix de Québec. « Il y a des personnes qui ont une expertise pour analyser ce genre de situation […], pour déterminer les pour et les contre. Un moment donné, on n’a pas le choix. Il faut prendre une décision. »