(Québec) À quelques jours du déploiement de l’équipe volante, les CISSS de la Côte-Nord et de l’Abitibi-Témiscamingue ignorent toujours quand les premiers soignants débarqueront pour prêter main-forte, ni même leur nombre. Sur la Côte-Nord, les médecins s’impatientent et craignent de voir certains quitter la région.

« Pour le moment, la date de l’arrivée des ressources de même que leur nombre n’est pas confirmée », a indiqué le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue, dans un courriel à La Presse. La réponse est la même sur la Côte-Nord. « Par contre, le CISSS de la Côte-Nord est prêt à accueillir toutes les ressources demandées », précise l’établissement.

Ces deux régions, avec l’Outaouais, doivent pourtant être les premières à accueillir des infirmières et des préposés aux bénéficiaires (PAB) qui composeront la nouvelle « équipe volante » du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Ces travailleurs envoyés à la rescousse sont attendus dès le 20 juin. Les établissements ont d’ailleurs fait part de leurs besoins au MSSS.

« Depuis deux semaines, on a passé environ 500 [curriculum vitæ] », a affirmé le ministre Christian Dubé au micro de Paul Arcand, jeudi dernier. « On va être capables d’ici le 20 quelque juin d’envoyer nos premières cohortes, j’espère sur la Côte-Nord et en Outaouais. On travaille à pleine vapeur pour être capables de bénéficier des conventions collectives qu’on a signées », ajoutait-il.

Or, le cabinet du ministre a précisé lundi que « les premières embauches sont toujours prévues à partir du 20 juin », mais qu’il pourrait maintenant y avoir « un délai entre l’embauche et l’arrivée sur place » des ressources.

Le MSSS a confirmé en soirée que le 20 juin est toujours visé pour le déploiement des premières équipes, mais que les personnes recrutées « arriveront sur place de façon graduelle dans les jours qui suivent, au fur et à mesure que leur embauche sera finalisée ».

« Les ressources seront déplacées dès que possible, et ce, peu importe le titre d’emploi. Il n’y a pas une séquence selon un titre d’emploi, mais bien selon les embauches réalisées », écrit le MSSS dans un courriel. Par ailleurs, on apprend que 1200 candidatures ont été reçues et que « le recrutement va bon train ».

Le Ministère assure qu’il maintient « un contact constant » dans le dossier, « notamment pour s’assurer de bien évaluer les besoins et fournir une offre de personnel adéquate ».

Les médecins s’impatientent

Sur la Côte-Nord, le conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) a lancé un nouveau cri du cœur lundi en déplorant « une crise interminable » qui affecte le personnel et les patients.

« L’équipe volante annoncée pour le 20 juin à la suite de notre première lettre n’est toujours pas opérationnelle et sa date d’entrée en fonction a été reportée quelque part en juillet », écrit le président, le DYoussef Ezahr, dans une lettre obtenue par La Presse.

« On a appris ça via le peu d’information que reçoit la direction générale [du CISSS] du Ministère », a-t-il précisé en entrevue. Le CISSS n’a pas confirmé cette information.

On a très peu d’information sur le contenu de cette équipe. On ne sait pas quel type d’infirmières sera là, c’est vraiment l’inconnu. Et nous, on navigue à la semaine, aux quarts de travail. C’est pas normal !

Le DYoussef Ezahr, président du CMDP

Le DEzahr affirme que « l’épuisement » se fait sentir chez le personnel soignant et chez les médecins de la région, qui doivent gérer le transfert de patients vers l’extérieur. Il y en a eu 50 en trois semaines, écrit-il dans sa lettre. « Nos médecins, à un certain moment, ils vont se fatiguer et ils voudront quitter la région parce que ce genre de défis là, à part la Côte-Nord, les autres régions ne l’ont pas », prévient-il.

Inquiétudes en Abitibi

En Abitibi-Témiscamingue, la FIQ locale soutient aussi que la direction du CISSS les aurait informés vendredi que ces travailleurs pourraient arriver en juillet seulement. « Le plus tôt, ce serait après le 1er juillet, et ce n’était même pas certain », a expliqué le président, Jean-Sébastien Blais.

On a certains départements où on a plus de 20 % des heures qui sont faites en temps supplémentaire. Ça ne peut pas durer comme ça tout l’été. L’aide est attendue.

Jean-Sébastien Blais, président de la FIQ en Abitibi-Témiscamingue

La création de l’équipe volante est possible en vertu des nouveaux leviers sur la mobilité, obtenus lors du renouvellement des conventions collectives (FTQ, CSN). La FIQ, qui négocie toujours avec Québec, ne fait pas partie de l’offensive.

Les établissements de la Côte-Nord et de l’Abitibi-Témiscamingue ont confirmé que les ressources de l’équipe volante sont nécessaires au maintien des services essentiels. Elles ne sont pas encore ajoutées aux horaires de travail puisqu’ils attendent les confirmations de leur arrivée.

« Ces demandes correspondant exclusivement aux besoins permettant d’éviter des ruptures de services essentiels », écrit le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue, qui réclame à Québec 15 infirmières, six infirmières auxiliaires et deux PAB. « En ce moment, ce manque de personnel est comblé par du temps supplémentaire ou par des réductions de services », indique pour sa part la Côte-Nord, où l’on espère obtenir 38 infirmières.

Ces régions subissent les contrecoups de nouvelles contraintes imposées par le gouvernement Legault aux agences de placement.