L'époque où le maire de Granby répondait religieusement à tous les utilisateurs de Facebook qui lui envoyaient des messages est désormais révolue.

Après mûre réflexion, Pascal Bonin a décidé de se retirer de ce réseau social où les remarques les plus élogieuses côtoient régulièrement les propos les plus désobligeants.

M. Bonin a calculé qu'il y passait de sept à dix heures sur une base hebdomadaire et ce, depuis plus de cinq ans.

De 7h à 23h, il s'était auto-imposé le devoir de rétorquer promptement à ses nombreux correspondants.

Au fil du temps, cet élu a constaté que le fait de vouloir maintenir ce canal de communication ouvert était non seulement chronophage, mais également très dur pour le moral.

Alors qu'il était interviewé par La Presse canadienne dimanche avant-midi, il a lancé sans ambages que «le clavier est devenu une arme moderne».

Selon lui, quand un internaute malveillant est dissimulé derrière son écran, il se permet souvent d'y aller de commentaires odieux sans nécessairement mesurer pleinement la portée de ses écrits.

«Aujourd'hui, on dirait que ce sont les remarques les plus grasses et les plus indécentes qui ramassent le plus de petits pouces en l'air», a déploré Pascal Bonin.

«C'est une jungle. C'est ingérable. Personne ne contrôle cette espèce de liberté d'expression incendiaire», a-t-il ajouté.

M. Bonin a observé qu'il faisait l'objet de critiques tous azimuts en ligne.

«Ça pouvait être sur mon style de vie, sur mes actions, sur mes opinions. Ça allait dans toutes les directions possibles et imaginables», a-t-il mentionné, dépité.

Il a précisé qu'à plusieurs reprises, il aurait pu engager des poursuites pour diffamation contre ses détracteurs les plus féroces afin de tenter de les museler.

Cependant, il s'est toujours abstenu de le faire car il ne voulait surtout pas investir de deniers publics pour financer de telles batailles juridiques.

Même s'il a été profondément dégoûté par toute cette dépréciation virtuelle, Pascal Bonin a hésité avant de se retirer de Facebook car cette tribune lui permettait de mousser sa popularité et d'accroître son influence.

Par contre, ce père de trois enfants en est arrivé à la conclusion que ces avantages ne faisaient tout simplement «pas le poids face à la préservation d'une vie familiale saine».

Il a donc choisi de reporter son attention sur ses proches qu'il a parfois négligés afin de maintenir sa présence assidue en ligne.

«Je ne suis plus en train à toutes les cinq ou dix minutes de regarder mon écran pour savoir si quelqu'un a écrit quelque chose que je me dois d'effacer et s'il faut que je contrôle une discussion ou que je réponde à une question», a indiqué M. Bonin, visiblement soulagé.

«Désormais, je me retourne vers les relations directes avec les gens. Je recommence à respirer et à ne plus être un esclave de la machine», a-t-il souligné.

Il a assuré que d'ici la fin de son mandat, «il n'y aura pas de réouverture de page ni de réapparition sur les médias sociaux».

L'Union des municipalités du Québec a appuyé le maire de Granby. «Décision courageuse de la part du maire @pascalbonin. Les élues et élus municipaux ne sont pas des «punching bags!», a-t-elle fait valoir sur Twitter.