(Ottawa) Alors que Justin Trudeau s’apprête à s’entretenir en tête-à-tête avec Volodymyr Zelensky au sommet de l’OTAN à Washington, le Canada fournira 500 millions supplémentaires en aide militaire à l’Ukraine.

Un haut responsable du gouvernement, s’exprimant de façon confidentielle, a déclaré que le Canada commencerait également à assurer une grande partie de la formation des pilotes d’avions de chasse ukrainiens.

Dans ses conversations avec les alliés de l’OTAN, M. Trudeau a insisté sur la nécessité de maintenir un soutien fort à l’Ukraine, pays ravagé par la guerre, qui occupe le devant de la scène lors du sommet de trois jours.

Mais M. Trudeau est également confronté à la pression des politiciens américains qui critiquent publiquement le Canada pour ne pas avoir respecté ses engagements en matière de dépenses de défense.

Les alliés de l’OTAN ont convenu de consacrer à la défense l’équivalent d’au moins 2 % de leur produit intérieur brut national. Les dépenses actuelles du Canada s’élèvent à un peu moins de 1,4 %.

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Les dirigeants des pays membres de l’OTAN.

M. Trudeau a tenté de devancer les critiques lors d’un discours mardi dans lequel il a déclaré que le Canada avait tenu ses promesses d’augmenter considérablement ce financement. Depuis 2014, le budget de la défense est en effet en hausse de plus de 57 % et est estimé à 29,9 milliards pour 2024.

Les seuls pays de l’OTAN qui dépensent davantage sont les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et la Turquie.

Pourtant, une décennie après s’être engagé pour la première fois à atteindre l’objectif de 2 %, le Canada reste une exception, car il n’a pas réalisé cet objectif et n’a pas présenté de plan pour y parvenir.

En mai, 23 sénateurs américains ont écrit à M. Trudeau une lettre l’exhortant à se présenter au sommet avec un plan clair. Le ministre de la Défense, Bill Blair, a laissé entendre plus tôt cette semaine à Washington que le Canada allait présenter au sommet ce plan réclamé par ses alliés.

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Le ministre canadien de la Défense, Bill Blair

Fen Hampson, professeur d’affaires internationales à l’Université Carleton à Ottawa, a déclaré que si tel était le cas, le plan aurait dû être rendu public, « afin que nos partenaires sachent que nous sommes sérieux ».

« Nous sommes clairement dans le viseur des politiciens américains et leur narratif consiste à dire que nous sommes le maillon faible du Nord au sein de l’OTAN », a-t-il déploré.

Le chef de la minorité sénatoriale, Mitch McConnell, a souligné les échecs des dépenses du Canada à la suite d’une rencontre avec M. Trudeau mardi.

Mike Johnson, le président républicain de la Chambre des représentants, a également s’est également montré critique sur le sujet lors d’une conférence à l’Institut Hudson à Washington le même jour.

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Mike Johnson, le président républicain de la Chambre des représentants

« C’est facile de rouler dans les traces des États-Unis, a déclaré M. Johnson. Ils ont la sûreté et la sécurité d’être à notre frontière et n’ont pas à s’inquiéter de cela. C’est honteux. »

Dissiper les inquiétudes

Le ministre canadien de la Défense, Bill Blair, a laissé entendre plus tôt cette semaine à Washington qu’il présenterait au sommet le type de plan demandé par les alliés. Le gouvernement canadien a dissipé les inquiétudes en annonçant mercredi une mesure progressive visant à remplacer sa flotte de sous-marins.

Il a fait savoir que le Canada achèterait jusqu’à 12 sous-marins à propulsion conventionnelle capables de naviguer sous les glaces – ce que le gouvernement s’était engagé à faire dans sa nouvelle politique de défense en avril.

L’annonce ne comprenait pas une estimation des coûts qui permettrait de clarifier pour les alliés ou les Canadiens dans quelle mesure le projet contribuerait à combler l’écart de 2 %.

Un responsable du gouvernement a déclaré que davantage d’informations sur les plans du Canada pour atteindre l’objectif seraient partagées jeudi.

Dans la matinée, Justin Trudeau a rencontré le nouveau premier ministre néerlandais Dick Schoof et le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, qui n’est pas un dirigeant de l’OTAN, mais qui participe aux groupes de travail indopacifiques de l’alliance.

La question des sous-marins a été évoquée lors de ces réunions.

Un souper avec Biden

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Le président américain Joe Biden converse avec Justin Trudeau et le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg.

En soirée, M. Trudeau participera à un souper offert par le président américain à la Maison-Blanche.

Les inquiétudes concernant la santé de Joe Biden et la possibilité d’une seconde présidence de Donald Trump ont déjà jeté une ombre sur le sommet des dirigeants qui s’étale sur trois jours à Washington, D. C.

M. Trudeau n’a pas répondu, mardi, lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il avait des inquiétudes concernant l’âge ou l’acuité mentale du président Biden.

Le président polonais Andrzej Duda a pour sa part écarté les questions concernant le président américain, affirmant qu’il avait rencontré M. Biden « et qu’il ne fait aucun doute que tout va bien ».

« Nous n’avons pas besoin d’interférer dans les élections américaines », a déclaré M. Duda lors du sommet, mercredi.

L’âge et l’acuité mentale de M. Biden, âgé de 81 ans, sont surveillés de près par la communauté internationale après un débat désastreux le mois dernier contre M. Trump.

Mardi soir, le président américain a prononcé un discours clair et énergique lors de la célébration du 75anniversaire de l’OTAN, à un moment critique pour le leader démocrate et pour la stabilité de son parti. Sous les yeux du monde entier, c’était une occasion importante pour Joe Biden de prouver qu’il est encore capable de diriger les États-Unis.

L’équipe de Biden a déclaré que le président était le plus vif tôt dans la journée et essayait d’éviter les évènements après 20 h. C’est à cette heure que devait commencer le dîner de mercredi avec les dirigeants de l’OTAN.