Son parti traverse une crise, et Gabriel Nadeau-Dubois appelle les membres à se rallier à ses priorités politiques.

(Québec) Avec un parti plongé dans une crise depuis la démission-choc d’Émilise Lessard-Therrien de son poste de co-porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois joue son va-tout et appelle ses membres à se rallier à ses priorités politiques pour que Québec solidaire (QS) modernise ses statuts, rende son programme plus « pragmatique » et devienne « un parti de gouvernement ».

Dans une longue mêlée de presse mercredi au parlement, le co-porte-parole masculin de QS a fait un appel au ralliement, deux jours après la démission de Mme Lessard-Therrien, qui critiquait la « petite équipe de professionnels tissée serrée autour » du chef parlementaire et les obstacles organisationnels qui ne lui permettaient pas de déployer les orientations politiques pour lesquelles elle avait été élue, en novembre dernier.

Je crois que Québec solidaire doit devenir un parti de gouvernement. C’est la démarche que j’ai commencée il y a sept ans quand je suis entré pour succéder à Françoise David et c’est encore ce que je souhaite faire.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

« Je suis conscient que cette vision-là ne fait pas l’unanimité à Québec solidaire. Il y a des gens qui ont une vision différente pour l’avenir du parti [et] pour l’avenir de la gauche. Mais je pense que j’ai le devoir d’être transparent dans un contexte où mon parti traverse des moments difficiles », a-t-il ajouté.

Plus tôt en après-midi, mercredi, La Presse a révélé qu’une nouvelle personne avait démissionné du comité de coordination national (CCN), l’équivalent du conseil d’administration du parti, afin de « libérer sa parole » et témoigner que des positions politiques qui leur étaient présentées avaient d’abord été débattues à l’extérieur de l’instance.

Trois priorités

Pour sortir son parti du plafonnement auquel il est confronté, alors que les indicateurs ne pointent pas vers une amélioration des intentions de vote et que QS a obtenu moins de votes en 2022 qu’en 2018, Gabriel Nadeau-Dubois propose trois priorités à ses membres.

Dans un premier temps, il dévoile que le parti proposera l’adoption d’une déclaration politique au Conseil national de la fin du mois de mai, à Saguenay, qui fera le bilan d’une tournée des régions pour sortir le parti de gauche de Montréal et des centres urbains, où sont principalement situés ses sympathisants.

Ensuite, M. Nadeau-Dubois propose de revoir de fond en comble le programme politique de Québec solidaire, une condition, dit-il, au déplafonnement.

Finalement, le chef parlementaire et co-porte-parole masculin propose de revoir la structure du parti, mise sur pied à une époque où les solidaires avaient peu ou pas d’élus au Parlement. Est-ce la fin de la formule des co-porte-parole ?

« Cette formule-là doit être modernisée. Il faut en préciser les rôles, il faut préciser la répartition du pouvoir, il faut préciser qui est imputable de quoi exactement. En ce moment, je réalise, nous réalisons qu’il y a des flous. Ça crée de la confusion à l’interne et ça peut créer même de la frustration », a-t-il dit.

Quelle est sa part des responsabilités ?

Critiqué par d’anciens employés pour sa gestion centralisée des affaires politiques du parti, Gabriel Nadeau-Dubois reconnaît qu’il y a eu plusieurs controverses dans son parti au cours de la dernière année, à commencer par les critiques qui le visaient dans l’essai de son ancienne collègue Catherine Dorion.

Ceci étant dit, je pense qu’on a eu tendance trop souvent à interpréter ces conflits-là, ces débats-là, comme des conflits de personnalités. Comme des débats de style ou des contrastes entre des tempéraments. Je pense que les vrais enjeux sont politiques. Souhaitons-nous que Québec solidaire devienne un parti de gouvernement, oui ou non ?

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

« Il est temps qu’on fasse ce choix-là. Tant et aussi longtemps qu’on tourne autour du pot, tant et aussi longtemps qu’on ne tranche pas ces questions-là, ça crée des frustrations, ça crée de la division qui deviennent par la suite des conflits », a dit M. Nadeau-Dubois.

Par ailleurs, même s’il s’est présenté seul devant les journalistes mercredi, le chef parlementaire a assuré que son caucus l’appuyait dans la vision qu’il propose.

Sur l’échiquier politique, alors que Québec solidaire est encore loin pour le moment d’espérer former le prochain gouvernement, ou même l’opposition officielle, Gabriel Nadeau-Dubois propose-t-il de recentrer son parti ?

« Je pense qu’il faut être plus pragmatique. Je pense qu’il faut choisir nos combats. On ne peut pas présenter une plateforme électorale qui nécessiterait quatre ou cinq mandats à mettre en place. Il faut faire des choix. […] Pour moi, un parti de gouvernement, c’est un parti qui sait prioriser et qui sait choisir certaines batailles », a-t-il dit.

L’histoire jusqu’ici

Lundi, l’ex-députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, a démissionné de son poste de co-porte-parole féminine de Québec solidaire.

Élue dans cette nouvelle fonction en novembre dernier, Mme Lessard-Therrien a dénoncé des «  blocages organisationnels » au sein du parti et a montré du doigt la « petite équipe de professionnels tissée serrée » qui entoure M. Nadeau-Dubois, lui faisant peu de place.

Après s’être absenté mardi du parlement, ébranlé par les critiques, Gabriel Nadeau-Dubois a présenté mercredi trois grands chantiers pour l’avenir de Québec solidaire et son avenir dans le parti.