(Québec) Une autre personne impliquée au comité de coordination national (CCN) de Québec solidaire, où siègent les co-porte-parole du parti, démissionne. Élisabeth Labelle, qui assurait depuis janvier l’intérim de la responsabilité des liaisons avec les associations locales, quitte ses fonctions pour « libérer sa parole » et donner un aperçu des enjeux qui minent le travail dans ce lieu névralgique des orientations du parti.

En entrevue avec La Presse, Mme Labelle joue cartes sur table : elle est une proche d’Émilise Lessard-Therrien, qui a démissionné de son poste de co-porte-parole féminine lundi. Elle l’a même accompagné tout au long de sa course au co-porte-parolat, remportée à l’arraché en novembre dernier.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE X D’ÉLISABETH LABELLE

Élisabeth Labelle

Quand elle a lu le message de l’ex-députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, qui annonçait son départ en pointant du doigt « une petite équipe de professionnel. le. s tissée serrée autour » de Gabriel Nadeau-Dubois, elle a remis sa démission pour son poste bénévole au CCN afin de se permettre d’accompagner Mme Lessard-Therrien dans ce qu’elle vivait.

Au CCN, qui est comme le conseil d’administration du parti, des orientations politiques étaient apportées autour de la table sans qu’il y ait eu des débats collectifs en amont, raconte Mme Labelle.

On sentait que les discussions étaient faites ailleurs, qu’on était arrivé à certains constats et qu’on avait pris des décisions qu’on nous présentait pour qu’on les adopte. L’objectif était d’adopter les propositions pour aller de l’avant. C’est à ça qu’Émilise faisait référence quand elle parle d’une locomotive en marche.

Élisabeth Labelle

La jeune militante, qui occupait le poste de façon bénévole, n’a jamais été censurée, nuance-t-elle. Elle affirme toutefois avoir eu « l’impression que c’était difficile de contester les propositions » qui étaient faites.

« À la longue, j’ai ressenti une certaine démotivation à prendre la parole parce que je ne sentais pas qu’elle avait une incidence sur les propositions qui étaient faites », dit-elle.

Quoi changer ?

Avant la démission d’Émilise Lessard-Therrien de son poste de co-porte-parole, Mme Labelle avait informé le parti qu’elle ne souhaitait pas briguer son poste pour un mandat officiel au CCN lors du prochain congrès de Québec solidaire, qui aura lieu plus tard ce mois-ci à Saguenay. Elle a malgré tout décidé de quitter l’instance prématurément afin de presser le parti à prendre acte de la crise qu’il traverse et d’apporter des changements concrets.

« Je ne pense pas avoir la solution, mais ça prendrait un regard externe sur la question. Un certain diagnostic de comment impliquer davantage les personnes dans les prises de décision », dit-elle.

Selon Mme Labelle, il ne faut pas lier cette crise à Gabriel Nadeau-Dubois seulement. « C’est quelque chose qui le dépasse. Ce qu’Émilise a vécu, ce n’est pas le problème d’une personne. Plusieurs personnes en cours de route se partagent la responsabilité de ce qui s’est passé », affirme-t-elle.

C’est un parti qui centralise de plus en plus et ça m’inquiète beaucoup. J’avais le souhait qu’Émilise amène un peu de ce vent de changement. J’espère que le départ d’Émilise n’aura pas été en vain et que ça va suscite une remise en question profonde.

Élisabeth Labelle

Absent mardi du parlement parce qu’il était ébranlé par les évènements, le chef parlementaire et co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, est revenu en Chambre, mercredi, où il a participé à la période des questions et aux caucus de son parti. En après-midi, il doit donner un point de presse dans le foyer de l’Assemblée nationale afin de réagir à la crise qui secoue son parti et son leadership.

Pour sa part, l’ex-députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue n’a accordé aucune entrevue depuis qu’elle a quitté ses fonctions. Au parti, on confirme qu’Élisabeth Labelle a quitté ses fonctions sur le CCN, un poste par intérim qui lui avait été offert, entre autres, pour s’assurer qu’Émilise Lessard-Therrien retrouve un visage connu autour de la table des décisions, explique-t-on.