(Québec) Le fait d’être un homme plutôt qu’une femme est la seule explication plausible pour comprendre pourquoi le premier ministre François Legault s’entête à maintenir le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, dans ses fonctions, selon la députée libérale Marwah Rizqy.

S’il était né femme, M. Roberge aurait été tassé depuis longtemps par le premier ministre, ayant fait la démonstration depuis trois ans qu’il n’était pas à la hauteur de la situation, a fait valoir la porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation, en mêlée de presse, vendredi, avant d’interpeller le ministre pendant deux heures en Chambre sur les dossiers chauds de l’éducation.

Ces derniers mois, le critiquant de toutes parts, notamment sur le tutorat, le décrochage scolaire, les tests rapides de dépistage du virus de la COVID-19, la pénurie d’enseignants et surtout la qualité de l’air dans les écoles et les lenteurs à installer des capteurs de CO2, tous les partis d’opposition ont à tour de rôle demandé la tête de M. Roberge, jugé inapte à remplir ses fonctions et à répondre aux besoins du réseau de l’éducation.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Marwah Rizqy

« La vérité, c’est que si ça avait été une femme, Roberge aurait été dégommé. Si c’était pas Jean-François Roberge, mais plutôt Marie-France Roberge, il n’aurait pu occuper ses fonctions », a commenté Mme Rizqy, en ajoutant que des femmes ministres dans le cabinet Legault avaient « perdu leur job pour bien moins que ça ».

Depuis l’élection du gouvernement Legault, trois femmes ministres ont été rétrogradées simples députées : MarieChantal Chassé, Marie-Ève Proulx et Sylvie D’Amours.

Selon la députée libérale, dans le cas présent, le premier ministre a vécu un conflit de loyauté et il a choisi de protéger son ami, Jean-François Roberge, contre toute logique, plutôt que de protéger le réseau de l’éducation.

Invité à réagir avant d’entrer en Chambre, le ministre Roberge a refusé de répondre aux questions des journalistes présents. Mais après l’exercice, il a qualifié la sortie de la députée d’« attaque personnelle inutile, basse ». Des attaques sur le genre de quelqu’un, ce n’est pas « quelque chose qui élève le débat », a fait remarquer le ministre, lors d’une brève mêlée de presse.

Quelques semaines après la rentrée scolaire, qualifiée de « chaotique », la députée Marwah Rizqy a jugé nécessaire de revenir à la charge, persuadée que M. Roberge « est dans l’incapacité de remplir ses obligations à titre de ministre ».

« Les carottes sont cuites » pour le ministre, dont le passage à la tête du ministère de l’Éducation est un « échec », selon celle qui estime qu’elle aurait besoin d’une journée complète pour énumérer « tout ce qu’il a manqué en trois ans ».

Tout en affirmant qu’elle avait de l’affection pour ce « chic type », « une bonne personne », la députée a dit vouloir amener le ministre Roberge « à réaliser qu’il n’est pas l’homme de la situation », qu’il est « complètement dépassé » par les évènements.

Questionné par les journalistes à savoir s’il était toujours l’homme de la situation aux commandes de l’Éducation, M. Roberge a dit que son bilan à la tête du réseau était « très intéressant », bien qu’« imparfait ».

Il estime avoir enregistré des progrès pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre, assurer la réussite scolaire et améliorer la gouvernance.

« On est très fiers de notre bulletin », a conclu le ministre Roberge, au terme de l’interpellation.

« On est fiers de quoi ? », a répliqué Mme Rizqy.