(Québec) Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, se fait ouvrir les portes du parlement avec le recrutement d’une première députée, l’ex-caquiste Claire Samson, qui avoue ne connaître que « sommairement » les positions de sa nouvelle formation. Une contradiction est apparue au premier jour de leur union, alors que le chef a fait une volte-face au sujet du déconfinement.

Élue sous la bannière de la Coalition avenir Québec (CAQ) en 2014 et en 2018 dans Iberville, Claire Samson a confirmé qu’elle joignait le PCQ lors d’une conférence de presse dans le hall du parlement, aux côtés de son chef, vendredi.

Sa décision donne un atout important à Éric Duhaime au moment où le Québec entre en année préélectorale. Il pourra mettre les pieds au parlement et y tenir des points de presse avec sa députée, même s’il n’est pas un élu, comme c’est le cas pour le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. La députée conservatrice pourra prendre la parole lors de la période des questions au Salon bleu, mais ce sera de façon très limitée puisqu’elle est la seule de sa formation.

La CAQ a expulsé Claire Samson de son caucus mardi en raison de son don de 100 $ au Parti conservateur. Mais le premier ministre François Legault savait déjà que sa députée avait rencontré Éric Duhaime dans les dernières semaines. L’accord entre Mme Samson et M. Duhaime a été scellé jeudi soir.

En conférence de presse, Claire Samson a dénoncé une « centralisation du pouvoir » au gouvernement « qui reléguait les députés de la CAQ dans un rôle de béni-oui-oui docile et obéissant ». « Aujourd’hui, je me sens délivrée, je retrouve ma marge de manœuvre, ma parole et ma liberté », a lancé la transfuge, qui avait déjà exprimé son mécontentement à la suite de la décision de François Legault de ne pas la nommer ministre au début du mandat. Elle rejoint Éric Duhaime pour « mieux servir le Québec » et « refuser que la démocratie soit mise à l’arrêt et muselée ».

Tout en disant que le PCQ est le « seul parti qui propose une véritable alternative à la CAQ », elle admet connaître « sommairement » ses positions. « Je les connais, dans le sens que j’en ai entendu parler, comme tout le monde, parce que je suis l’information. On sait qu’on aura un congrès, où beaucoup de choses vont être remises en question. »

Dans le cas de Mme Samson, je n’ai pas de commentaires à faire : je lui souhaite bonne chance. Puis, je souhaite bonne chance à M. Duhaime avec Mme Samson.

François Legault, premier ministre du Québec, qui s’est défendu de museler ses députés

Selon Éric Duhaime, « c’est un grand jour pour ceux et celles qui souhaitent une plus grande diversité au sein de notre Parlement. C’est un grand jour aussi dans l’histoire du Parti conservateur du Québec ; ça fait quand même huit décennies d’absence de ce parti dans l’Assemblée ». Il renoue lui-même avec les corridors du parlement : il était conseiller politique de l’Action démocratique du Québec de 2003 à 2005, puis de 2007 à 2008.

Élu à la tête du PCQ en avril, Éric Duhaime est depuis plusieurs mois une figure de proue de la protestation contre les mesures sanitaires. « Il n’y a pas de preuves scientifiques » derrière le confinement imposé par le gouvernement Legault selon l’ancien animateur de radio.

Questionné sur le fait de devoir ou non aujourd’hui « déconfiner complètement le Québec », il a répondu : « Présentement, oui. »

Claire Samson a apporté des nuances, soulignant avoir « fait la promotion » des consignes sanitaires auprès de ses résidants. Elle a déclaré que le gouvernement devrait « déconfiner un peu plus », donc pas totalement.

Éric Duhaime est revenu par la suite sur les propos qu’il tenait plus tôt. « Non », il ne faut pas lever l’ensemble des mesures sanitaires maintenant, a-t-il rectifié. « Il faut annoncer un calendrier où on met fin, où on a une lumière au bout du tunnel, où on dit : “O. K., telle date, on lève telle mesure.” »

Le gouvernement Legault a déjà annoncé un calendrier de déconfinement. Éric Duhaime souhaite la levée de l’état d’urgence sanitaire pour que le gouvernement « ne gère plus par décret ».

Questionné sur son opinion concernant les changements climatiques, Éric Duhaime a répondu que ceux-ci ont « toujours existé », que l’« on parle d’une accélération » en ce moment, que son parti en débattra et qu’il présentera plus tard sa position.

Ses prises de position passées n’existent-elles plus ? « C’est sûr que je suis dans un rôle différent, puis je suis conscient qu’aujourd’hui, je ne parle plus juste en mon nom. Quand je parle, je parle au nom du Parti conservateur du Québec. Et je pense que c’est normal que je vais devoir prendre en considération l’ensemble des débats qu’on a, puis je vais être obligé… C’est une démocratie. On vit dans un parti qui est démocratique, et c’est évident que je vais devoir en tenir compte », a-t-il répondu.

Après avoir déclaré cette semaine qu’elle ne comptait pas se présenter aux prochaines élections, Claire Samson laisse maintenant planer le suspense. Elle a des ennuis de santé depuis quelques années, mais elle se dit « en forme » aujourd’hui, au terme d’une période de convalescence à la suite d’une opération chirurgicale. La députée de 66 ans a toutefois reconnu que son « plan de retraite [était] fait ».

De son côté, Éric Duhaime veut se présenter dans une circonscription de la grande région de Québec, là où il estime avoir le plus de chances de l’emporter. Chutes-de-la-Chaudière et Chauveau font partie des options. Il poursuit son maraudage auprès de députés qui, pour la majorité, l’ont « envoyé promener ». Il dit être en discussion avec deux ou trois élus.

Le PCQ compte 15 000 membres, soutient Éric Duhaime. Selon les données du Directeur général des élections du Québec, la formation compte le plus grand nombre de donateurs jusqu’ici en 2021 et figure au troisième rang au chapitre des sommes amassées. En tout, 4149 personnes ont contribué au PCQ (134 884 $), contre 4094 à la CAQ (316 854 $), 4039 au Parti québécois (286 258 $), 1836 à Québec solidaire (120 624 $) et 1374 au Parti libéral du Québec (113 145 $). Rappelons que le financement des partis est maintenant assuré par l’État en grande partie, en fonction des résultats obtenus au dernier scrutin.

Le PCQ a obtenu 1,46 % des suffrages en 2018. Les derniers sondages lui donnent de 6 % à 8 % des intentions de vote.