Le dôme de chaleur sans précédent qui frappe la Colombie-Britannique rend nécessaire une nouvelle stratégie pour aborder les phénomènes météorologiques extrêmes, soutient le co-auteur d’un rapport sur les incendies de forêt de 2017.

L’ancien ministre George Abbott s’inquiète aussi des inondations catastrophiques attribuables à la fonte rapide des neiges et de l’assèchement prématuré des forêts si la province était encore touchée par ce phénomène météorologique, surtout s’il se produisait plus tôt dans la saison.

Une chaleur accablante a frappé la Colombie-Britannique à la fin de juin. Le village de Lytton a établi un record canadien en enregistrant une température de 49,6 degrés Celsius, quelques heures avant d’être détruit en grande partie par un incendie.

Cette chaleur, combinée au manque de pluie, explique le début précoce de la saison des incendies de forêt dans la province.

Selon M. Abbott, le dôme de chaleur ajoute un niveau de complexité encore impensable au moment où il a co-écrit son rapport sur les incendies de 2017.

Les gouvernements devront prendre en compte ce phénomène.

Il recommande au gouvernement de rassembler les meilleurs scientifiques pour relever ce nouveau défi et de tirer des leçons venues d’autres pays, comme l’Australie.

J’espère que notre travail dans les mois à venir ne consistera à jeter des blâmes. Il s’agit plutôt de faire face à ce qui semble être une accélération du rythme des changements climatiques.

George Abbott, ancien ministre et co-auteur d’un rapport sur les incendies de forêt

L’autre co-autrice du rapport, la cheffe de la Première nation Skawahlook, Maureen Chapman, n’a pas pu être jointe pour obtenir ses commentaires.

108 recommandations

Mme Chapman et M. Abbott avaient formulé 108 recommandations, dont l’utilisation du brûlage contrôlé à titre préventif ainsi que la réduction de l’écart des dépenses entre les interventions et la planification, la préparation et la prévention.

En date du 6 juillet, le gouvernement provincial disait avoir mis en œuvre 99 d’entre elles. Il n’a pas répondu directement aux questions concernant celles qui n’avaient pas été réalisées.

Le Service des incendies de forêt de la province a été débordé le 7 juillet 2017 lorsqu’un énorme orage a déclenché 160 incendies de forêt simultanés dans la région de Cariboo. Ces sinistres, qui avaient ravagé plus de 1,2 million hectares, avaient provoqué l’évacuation d’environ 65 000 personnes.

« Les incendies étaient d’une ampleur à laquelle le service des incendies ne pouvait tout simplement pas faire face », rappelle M. Abbott.

Le rapport signalait que plusieurs autres acteurs, comme les Premières Nations, pouvaient jouer un rôle de partenariat dans la lutte contre les incendies.

De récentes critiques exprimées par des dirigeants autochtones locaux laissent entendre que cette collaboration potentielle n’a pas été concrétisée.

Le chef Matt Pasco du Conseil tribal de la nation Nlaka’pamux a déjà raconté que la communication du gouvernement lors de l’incendie rapide ayant ravagé Lytton le 30 juin, avait été « nulle ».

PHOTO JR ADAMS VIA REUTERS

Le village de Lytton, en Colombie-Britannique, a été la proie des flammes, le 30 juin.

Au cours d’une entrevue réalisée quelques jours après le désastre, M. Pasco a révélé qu'il n’avait été informé que 12 heures après le début des évacuations. Et encore, il s’agissait de son bétail et non des membres de sa communauté.

« Ils avaient des procédures en place pour le bétail, mais aucune pour les Nlaka’pamux », a-t-il déploré.

M. Abbott croit que le gouvernement provincial avait encore du travail à faire afin d’améliorer les partenariats, en particulier avec les Premières Nations. Il reconnaît toutefois que les progrès ont sans doute été entravés par la pandémie de COVID-19.

Le ministère des Forêts et le service des incendies de forêt ont indiqué, dans un communiqué, que le gouvernement provincial avait investi 129,5 millions dans un programme communautaire et avait lancé une nouvelle application pour mieux communiquer avec la population.

La First Nations Emergency Services Society a identifié des équipes déjà existantes parmi les Premières Nations pouvant intervenir au cours d’un sinistre. Le service des incendies, lui, a mis à jour ses processus d’approvisionnement pour identifier les ressources avant même une urgence, pouvait-on lire dans le communiqué.

Ainsi, grâce aux prévisions météorologiques, le service des incendies de forêt a pu fournir des avertissements de vent qui ont permis aux autorités locales de lancer des ordres d’évacuation.

Vendredi, plus de 3600 kilomètres carrés de territoires avaient été brûlés tandis que les ordres d’évacuation couvraient plus de 5000 propriétés.

L’aide en provenance des autres provinces et des États américains, aux prises avec la COVID-19 et leurs propres incendies de forêt, est limitée, signale M. Abbott.

La situation s’améliore en Colombie-Britannique

La situation s’est légèrement améliorée en Colombie-Britannique au chapitre des incendies de forêt.

Le BC Wildfire Service a rapporté samedi matin 258 incendies de forêt en activité sur son territoire, 17 de moins que lors du bilan présenté vendredi.

Plus tôt cette semaine, on recensait environ 300 feux en activité.

La province a maintenu 56 ordres d’évacuation, un de moins que vendredi après-midi. Quelque 5000 propriétés sont touchées.

Les résidants de près de 16 500 autres propriétés, soit plus de 1000 de moins que la veille, sont sur un pied d’alerte, c’est-à-dire qu’ils doivent être prêts à quitter à court terme leur domicile.

Pas moins de 3320 pompiers combattent les flammes, dont 94 en provenance de l’extérieur de la province. Les autorités attendent samedi l’arrivée de 100 pompiers mexicains.