Une famille de fraudeurs qui ont détourné plus de 1,5 million de dollars d’un fonds de recherche sur le cancer de la prostate grâce à un stratagème sophistiqué a commis des crimes « odieux », selon la juge. Sylvie Dagenais et son clan ont été condamnés vendredi à des peines sévères.

Ce qu’il faut savoir

  • La famille Dagenais-Edisbury a volé 1,5 million de dollars à un fonds de recherche sur le cancer de la prostate du CHUM.
  • Sylvie Dagenais était le bras droit d’un éminent chercheur du centre hospitalier.
  • Les parents sont condamnés à six et quatre ans de pénitencier et devront rembourser plus d’un million de dollars.

« La fraude est non seulement odieuse et choquante, elle est immorale », a asséné la juge Mylène Grégoire vendredi matin au palais de justice de Montréal. « Sans cet appât du gain de plus en plus féroce, ses enfants auraient certes un meilleur avenir. [Elle et son mari] se sont comportés en menteurs, fraudeurs et manipulateurs », a poursuivi la juge.

Sylvie Dagenais, le cerveau de cette fraude d’envergure, a été condamnée à six ans de pénitencier, alors que son mari Danny Edisbury a reçu une peine de quatre ans de détention. Leurs fils Francis et Carl Edisbury s’en tirent avec deux ans de prison à domicile en raison de leur rôle secondaire.

Les fraudeurs devront également rembourser toutes les sommes volées, sinon ils retourneront derrière les barreaux pour quelques années. Sylvie Dagenais et Danny Edisbury auront une douzaine d’années après leur sortie de prison pour rembourser 1,2 million de dollars. Les deux fils devront pour leur part rembourser environ 260 000 $.

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Sylvie Dagenais, son conjoint Danny Edisbury et leur fils Francis Edisbury, 34 ans. Carl Edisbury n’est pas sur la photo.

Sylvie Dagenais était la secrétaire du chef du service d’urologie du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), le DFred Saad, éminent chercheur sur le cancer de la prostate. La femme de 60 ans avait la confiance « absolue » du chercheur. Elle contrôlait de A à Z les activités du fonds : embauches, horaires, approbation des salaires et facturation des comptes clients.

Pendant des années, Sylvie Dagenais et son mari ont abusé de cette confiance en puisant sans gêne dans ce fonds grâce à un « stratagème frauduleux minutieusement élaboré ». D’abord, la secrétaire fraudeuse s’est octroyé un double salaire. Puis, ils ont mis en place un système de facturation pour faire profiter l’entreprise de Danny Edisbury.

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Danny Edisbury

Se croyant « invincibles », les fraudeurs ont ensuite intégré leurs fils Carl et Francis dans leur stratagème frauduleux. Le benjamin, Francis, a reçu 142 000 $ du Centre de recherche du CHUM sans jamais y avoir travaillé. Son frère a été payé pour de fausses heures supplémentaires chaque semaine pendant cinq ans.

C’est seulement lors du déménagement du CHUM que la fraude a été décelée.

La juge Grégoire n’a relevé aucun facteur atténuant à l’égard des deux parents. Les facteurs aggravants, eux, sont aussi nombreux qu’importants. La juge relève particulièrement que les victimes de la fraude sont de réelles personnes souffrant d’un cancer.

Néanmoins, la juge a rejeté la suggestion de peine de huit ans de la Couronne pour Sylvie Dagenais, se rangeant plutôt à la proposition de la défense. Pour la peine des deux fils, les avocats avaient soumis une suggestion commune à la juge.

MSarah-Audrey Daigneault a représenté le ministère public. MIsabelle Lamarche a défendu le couple, alors que MMaxime St-Germain a représenté les fils.