La femme de 70 ans qui aurait été tuée par son conjoint, mercredi à Lac-Supérieur, était isolée et sur le point de demander le divorce. Ce nouveau féminicide présumé cause une onde de choc dans la petite municipalité des Laurentides.

« Elle ne pouvait jamais recevoir personne, le plus souvent parce qu’il ne voulait pas. Elle vivait assez seule, même si ce n’est pas ce qu’elle voulait. Lui, c’était un gars qui était dans sa bulle, il n’avait pas d’amis et il ne parlait plus à personne, même pas sa propre famille », relate Manon Houle, sœur de la victime, au téléphone, non sans émotions.

C’est elle qui a trouvé Louise Houle inanimée, dans son lit, au début de la journée, dans sa maison du chemin du Lac-aux-Ours.

La chambre était alors « pleine de sang », raconte celle qui était aussi voisine de la victime. « C’était une scène effroyable. J’ai appelé le 911 tout de suite », poursuit-elle, en disant avoir senti que quelque chose clochait en ne voyant pas sa sœur partir pour le travail en matinée.

La Sûreté du Québec (SQ), qui s’est rendue sur les lieux dès 9 h 15, refuse pour l’instant de confirmer l’identité des victimes ou le lien entre elles. Les autorités parlent officiellement d’un « meurtre suivi d’un suicide » et de « morts suspectes », sans donner plus de détails.

Des sources policières bien au fait du dossier ont toutefois confirmé mercredi que Mario Nadon, 67 ans, aurait tué sa conjointe, Louise Houle, 70 ans, avant de se donner la mort. Leur décès a été constaté à l’hôpital.

Selon Manon Houle, le couple vivait déjà séparément, l’un au sous-sol et l’autre au rez-de-chaussée, depuis quelques mois déjà. Sa sœur, dit-elle, était d’ailleurs sur le point de divorcer. « Elle lui demandait juste de partir, elle voulait vivre chez elle. Elle voulait divorcer avec lui et avait même fait appel à un avocat. Il était constamment négatif sur à peu près tout », poursuit la femme endeuillée.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Louise Houle et Mario Nadon

C’est la venue d’un huissier, lundi dernier, qui aurait fait vriller Mario Nadon, poursuit-elle. « Il a décidé de prendre son arme pour faire face à tout ça. Je suis révoltée qu’il soit venu me prendre ma sœur », ajoute Mme Houle, qui se dit persuadée que le geste était prémédité. « Louise prenait des somnifères, donc ça n’a pas dû être très difficile de la tuer », souffle-t-elle, des trémolos dans la voix.

« Extrêmement pénible »

Sur les réseaux sociaux, mercredi, le maire de Lac-Supérieur, Steve Perreault, a d’abord tenu à offrir ses condoléances à la famille et aux proches des victimes. « Nous sommes de tout cœur avec eux et nous leur souhaitons toute la force nécessaire pour traverser cette épreuve difficile », a-t-il dit.

C’est une situation extrêmement pénible et bouleversante, qui ébranle toute notre communauté. J’invite les citoyennes et les citoyens à prendre soin les uns des autres, particulièrement aujourd’hui, et surtout, de ne pas hésiter à appeler un proche ou les services de santé s’ils en ressentent le besoin.

Steve Perreault, maire de Lac-Supérieur

Il affirme que son administration « a déjà entamé les démarches afin d’offrir du soutien aux employés qui en auront besoin ». « Notre communauté est tissée serré et nous sommes bien conscients que certaines personnes de l’équipe pourraient être affectées par un tel drame. Sachez que nous sommes là pour vous », a soulevé le maire Perreault, en promettant de suivre les développements de l’enquête de près.

Plusieurs enquêteurs ainsi que des techniciens en identité judiciaire ont été envoyés sur les lieux. C’est le Service des enquêtes spécialisées en crimes contre la personne de la SQ qui a pris en charge l’affaire.

Besoin d’aide ?

Si vous êtes victime de violence conjugale et cherchez aide et répit, contactez SOS Violence conjugale au 1 800 363-9010. Des intervenants y sont disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept.


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Avec Mayssa Ferah, La Presse