Les joueurs qui sont les auteurs d’activités criminelles « avérées ou soupçonnées » doivent se voir interdire l’accès aux casinos, a suggéré un rapport d’audit dévoilé vendredi. C’est la firme indépendante Deloitte qui a été chargée de faire la lumière sur la prévention du blanchiment d’argent par Loto-Québec.

Pour réduire la présence de cette pratique dans les établissements de Loto-Québec, Deloitte recommande de mettre en place des « seuils de vérification diligente » plus stricts que ceux établis par la loi anti‐blanchiment canadienne. Cette nouvelle mesure permettrait de valider l’identité des joueurs et la provenance de leurs fonds.

Le rapport invite à un « partage accru de l’information entre Loto-Québec et les corps policiers ».

Loto-Québec « présente un excellent bilan » en matière de blanchiment d’argent, a précisé le rapport d’audit portant sur la société d’État. Près de 40 recommandations figurent dans le document, bien accueilli par le ministère des Finances. Quatre casinos et deux salons de jeux de Loto-Québec ont été examinés par la firme indépendante Deloitte.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre des Finances, Eric Girard

L’organisation avait pour mandat de faire le point sur de potentielles lacunes concernant le blanchiment d’argent, les prêts à taux d’intérêt excessif, les programmes de loyauté, ainsi que l’indépendance et la sécurité des employés de Loto-Québec.

Deloitte a dressé un portrait positif de l’institution, pour les quatre aspects de son mandat.

« Plusieurs ont reconnu que Loto-Québec ne pouvait pas enrayer toute activité de blanchiment d’argent au sein de ses casinos et salons de jeux, mais ont souligné que cette dernière mettait toutes les mesures possibles en œuvre contre le blanchiment, ayant “ toujours place à l’amélioration ” […] », peut-on lire dans le rapport.

Cette démarche a été effectuée à la suite du dévoilement de « situations alléguées d’ingérence par la haute direction de Loto‐Québec dans des enquêtes internes et policières » dans différents médias, évoque le document de Deloitte. Le ministère des Finances avait demandé, en novembre 2020, à ce qu’un vérificateur externe se penche sur la question.

Loto-Québec avait également dû débourser « près de 150 000 $ pour des manquements à la réglementation en matière de lutte au blanchiment d’argent » en février 2020, après un litige avec le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE).

Malgré tout, l’audit rapporte « très peu d’incidents liés au prêt usuraire ». Deloitte indique aussi ne pas avoir décelé ni été informée « de situations d’infiltration d’employés ou de fournisseurs de services de Loto‐Québec par les membres de groupes criminels organisés, sauf un cas isolé au milieu des années 2010 ».

Enfin, « la gestion du programme de loyauté de Loto‐Québec est uniforme », peut-on apprendre dans le document.

Rappelons que le blanchiment d’argent est « l’acte d’obscurcir l’origine de fonds illicites dans le but de créer une aura de légitimité aux produits du crime et de la corruption », selon la définition de Deloitte.

Les casinos sont vulnérables au déroulement de ce procédé entre leurs murs. Malgré un certain pourcentage de « pertes » en jouant leur argent dans ces établissements, les criminels en ressortent avec un revenu « lavé » de son passé illégal.

« Parfois, le seul attrait pour le blanchisseur sera de “ faire circuler ” son billet de banque “ sale ”, et de quitter avec un billet “ propre ”, pour éviter notamment certaines techniques policières », indique le rapport.

Le ministère des Finances et Loto-Québec satisfaits

« Nous sommes heureux de constater que plusieurs recommandations qui découlent de l’audit portent sur des mesures déjà en place ou en voie de l’être. Par exemple, nous procéderons à une automatisation de nos systèmes pour cibler des pratiques qui peuvent s’avérer douteuses », a affirmé le président de Loto-Québec, Jean-François Bergeron, par voie de communiqué.

La société d’État s’est également réjouie qu’« aucune situation d’ingérence visant à faire arrêter des enquêtes internes au sein des casinos » n’ait été avérée.

« Les allégations rapportées en novembre dernier étaient manifestement liées à des évènements passés et ne reflétaient pas la situation actuelle. Le rapport de Deloitte confirme que les procédures en vigueur chez Loto-Québec sont solides », a dit le ministre des Finances, Eric Girard, dans un communiqué.

Le ministère des Finances a également mentionné « accueillir favorablement » les conclusions de l’audit. Il affirme vouloir mettre en place les recommandations retenues du rapport « dans les meilleurs délais ».