« Josiane a été assassinée par un lâche qui n’a pensé qu’à lui et son petit moi. Ce meurtrier n’a pas de cœur ni de remords », a lancé avec mépris la tante de Josiane Arguin. Alors que les proches de Mme Arguin ont rendu d’émouvants témoignages jeudi, la Couronne a réclamé une peine sévère contre Simon Brind’Amour en insistant sur le contexte de violence conjugale du meurtre.

« C’est un mépris total pour la victime. Il a jeté le corps aux ordures ! Comme si Josiane n’avait pas d’importance. La vie des femmes victimes de violence conjugale a de l’importance, la société ne tolère pas qu’on les jette aux ordures. Cette image est répugnante », a plaidé la procureure de la Couronne, MKaterine Brabant.

Le ministère public demande à la juge Hélène Di Salvo d’imposer une période de 17 ans d’inadmissibilité à la libération conditionnelle à Simon Brind’Amour, déjà automatiquement condamné à la prison à vie. Le jury l’a reconnu coupable de meurtre au second degré et d’outrage à un cadavre, il y a deux semaines au palais de justice de Montréal.

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE

Josiane Arguin, 34 ans, a été tuée le 1er septembre 2018 à Montréal.

L’homme de 39 ans a battu à mort sa conjointe, Josiane Arguin, avec une baguette de billard, le 1er septembre 2018, dans le quartier Parc-Extension, alors qu’elle tentait de fuir dans la cour arrière. Il l’aurait même achevée à l’intérieur de la maison avec un bâton de baseball. Il s’est ensuite débarrassé du corps en le jetant aux ordures après avoir nettoyé la scène « à la Dexter ». Il a avoué son crime deux mois plus tard après avoir participé aux efforts de recherche pour retrouver Josiane.

Les dernières paroles de Josiane sont à glacer le sang : « Je suis une femme battue ! » « Si tu veux être une femme battue, tu vas savoir c’est quoi, être une femme battue », a lancé Simon Brind’Amour avant de commettre l’irréparable. « C’est un ultime appel à l’aide. Josiane dénonce le fait qu’elle se fait battre et l’accusé l’a éliminée », a résumé MBrabant.

Aux yeux de la Couronne, il est impératif que la peine imposée démontre à quel point la « société ne tolère pas » la violence conjugale. MBrabant rappelle que Simon Brind’Amour a rejeté le blâme sur Josiane, le réflexe classique des batteurs de femmes.

« On doit déconstruire cette dynamique. Il faut retenir que Josiane a eu une fin atroce dans la douleur », alors qu’elle lui disait toujours l’aimer la veille de sa mort, a soulevé la procureure.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

MKaterine Brabant, procureure de la Couronne, avec Gaétane Gilbert, mère de la victime

« Est-ce que ça valait la peine de la tuer ? »

Deux ans plus tard, les proches de Josiane Arguin vivent difficilement avec le départ prématuré de cette artiste de 34 ans au sourire légendaire. Une vingtaine d’entre eux étaient d’ailleurs présents pour assister aux observations sur la peine. Sa tante Ginette Gilbert, qui portait un écusson à l’effigie de « Josie », a tiré à boulets rouges sur le « bourreau » de sa nièce.

« C’est un moins que rien qui a menti à tous pour amoindrir son crime en se faisant passer pour une victime de Josiane. Il a sali sa réputation, son caractère, son mode de vie. Est-ce que ça valait la peine de la tuer ? De la jeter aux ordures ? De priver ses parents, sa famille et ses amis de l’honorer dignement une dernière fois ? », a-t-elle proféré.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Ginette Gilbert, tante de la victime

La mère de Josiane, Gaétane Gilbert, a le cœur meurtri depuis deux ans. Les médicaments et les thérapies font maintenant partie de sa vie. « J’ai souffert et je souffre encore », a-t-elle lâché. La mère endeuillée a lu un poignant poème de Josiane écrit à 10 ans.

Artiste dans l’âme, Josiane jouait du violon et adorait cuisiner. Elle était un « rayon de soleil », a témoigné sa tante Marjolaine Gilbert.

« Elle a laissé un souvenir inoubliable par sa gentillesse et sa générosité pour les autres, les oubliés et les mal-aimés. Elle aimait tout le monde et tout le monde l’aimait. »

— Ginette Gilbert, tante de la victime, dans son témoignage

Les excuses de Simon Brind’Amour

Après s’être posé en victime et avoir dépeint au procès sa conjointe comme une femme agressive, droguée et aux mœurs légères, Simon Brind’Amour s’est confondu en excuses jeudi. « J’ai eu tort d’agir [de façon] aussi aberrante, incohérente, en fait, si stupidement », a-t-il déclaré.

« C’est moi qui ai été le maillon faible de cette histoire et qui vais devoir vivre avec ce geste ignoble sur la conscience pour le reste de ma vie. […] Je [le] reconnais et je m’excuse de vous avoir enlevé quelqu’un d’aussi précieux, cet être irremplaçable », a-t-il ajouté, émotif.

PHOTO TIRÉE D’UNE VIDÉO DÉPOSÉE EN COUR

Simon Brind’Amour lors de son interrogatoire par la police après son arrestation

Dans un témoignage poignant, la sœur de Simon Brind’Amour a pris la défense de son frère, « un homme travaillant et un père présent ». Si elle ne peut expliquer les tragiques évènements, elle assure que son frère n’est pas « le monstre et le bourreau » dépeint au procès.

Les avocats de la défense, MMaxime Raymond et MDavid Robert Temim, demandent d’imposer à leur client une période de 13 à 14 ans d’inadmissibilité à une libération conditionnelle. La juge Di Salvo rendra sa décision le 17 décembre prochain.