Une vague d’incendies criminels a détruit plusieurs bâtiments de ferme dans trois localités de Brome-Missisquoi, tôt lundi matin, nécessitant le déploiement de neuf services de pompiers.

Six bâtiments ont brûlé à Saint-Armand, Dunham et Frelighsburg, des villages situés près de la frontière américaine. Cinq d’entre eux sont des pertes totales.

«J’ai jamais vu ça en 24 ans. Ça s’est jamais vu dans la MRC», a expliqué Patrick Cournoyer, directeur du service incendie de Frelighsburg et Dunham. «Quand on était rendus au troisième appel à l’intérieur d’une heure, j’ai avisé la Sûreté du Québec [SQ]. Ce n’était vraiment pas normal.»

Les feux étaient tellement nombreux que des pompiers en ont signalé un en se rendant sur le chemin d’un autre. Ils se sont arrêtés pour l’éteindre.

Deux suspects, des hommes âgés de 21 et 24 ans, ont été arrêtés en avant-midi et devaient comparaître en soirée par téléphone. Au moment de publier, on ne connaissait pas leur identité.

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Pour l’instant, aucun détail n’a filtré sur le motif des incendiaires ni sur les liens qui pourraient les unir aux victimes.

«Personne n’a été blessé», a indiqué le sergent Louis-Philippe Bibeau, de la SQ, en entrevue téléphonique. «Les scènes sont sous expertise, a continué le policier. Ce sont les enquêteurs des crimes majeurs qui sont chargés de l’enquête.»

Réveil brutal

Les incendies se sont déclenchés à partir du milieu de la nuit.

«On a eu le premier appel à 2h57 ce matin. [À ce moment-là] chacun est chez lui, on est sur appel», a relaté M. Cournoyer. «Vingt minutes après le premier appel, on a reçu un deuxième appel pour un feu de résidence.»

Sur tous les incendies sauf un, les flammes avaient totalement avalé le bâtiment à l’arrivée des pompiers, qui n’avaient aucun espoir de sauver quoi que ce soit. «Il y en a même qui étaient déjà effondrés au sol», a continué le chef pompier.

«Il ne restait pas grand-chose à faire», a affirmé Andrew Monette, directeur du service incendie de Saint-Armand. Ses hommes ont combattu un incendie sur leur territoire – un bâtiment de ferme converti en résidence, mais inoccupée – et ont prêté main-forte pour d’autres feux.

«Ça fait 17 ans que je fais ce métier et je n’ai jamais vu ça», a continué M. Monette.

Approvisionnement en eau compliqué

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Le travail des pompiers locaux a été compliqué parce que le territoire est rural et ne dispose pas de bornes-fontaines.

«Ici, on n’a aucun réseau d’aqueduc. Alors tout se fait par transport d’eau à partir de points d’eau. À six feux, ça prend du personnel. Au total, ça a peut-être monté à 80 pompiers», a affirmé Patrick Cournoyer. À mesure que les casernes se vidaient, d’autres pompiers arrivaient pour assurer une présence prête à être déployée.

Au total, il a dû appeler huit autres services de pompiers à la rescousse : des hommes des localités avoisinantes, jusqu’à Bromont et Farnham, ont combattu les flammes.