Une femme qui a souffert d’un cancer de stade quatre vient de déposer la première demande d’autorisation d’action collective au Québec contre Monsanto, qui commercialise l’herbicide Roundup. Elle exige la somme de 10 millions en dommages punitifs pour tous les Québécois exposés au Roundup depuis 1976 et qui ont reçu un diagnostic de lymphome non hodgkinien.

Ce recours est déposé alors que plus de 14 000 actions en justice contre Monsanto et la multinationale Bayer (qui a acheté Monsanto en 2018) sont présentement en cours aux États-Unis. Récemment, des jurys ont accordé des sommes extraordinaires à des personnes atteintes de lymphome non hodgkinien dans trois procès distinctifs. Le 13 mai dernier, un couple de septuagénaires californiens s’est vu octroyer 2 milliards de dollars en dommages. Tous deux étaient atteints de la maladie et avaient utilisé l’herbicide sur leur propriété durant des décennies.

La semaine dernière, un agriculteur de la Saskatchewan atteint du cancer a aussi déposé une demande d’autorisation d’action collective contre Bayer.

« Campagne mondiale de désinformation »

Déposée au palais de justice de Québec, mardi, cette demande doit être autorisée par un juge de la Cour supérieure. Si elle va de l’avant, c’est une résidante de L’Assomption, Liliane Paquette, qui sera la représentante du groupe.

En 2005, elle a reçu un diagnostic de lymphome non hodgkinien. Elle affirme avoir été en contact avec le Roundup entre 1997 et 2005 alors qu’elle vivait et travaillait sur une ferme laitière. Même si c’est son ancien conjoint qui appliquait le produit, elle affirme avoir été en proche contact avec des cultures arrosées. Lorsque les fenêtres de sa résidence étaient ouvertes durant la période d’épandage, elle inhalait souvent le produit, dit-elle.

La requête judiciaire allègue que Monsanto et la multinationale Bayer (qui a acheté Monsanto en 2018) ont mené une campagne de « désinformation », de « fraude scientifique » et de déception à travers le monde pour convaincre les consommateurs, les agriculteurs, les entreprises et les agences gouvernementales que le Roundup et son ingrédient actif, le glyphosate, étaient sécuritaires.

« Les défendeurs se sont faits les champions de données falsifiées, ils ont attaqué des études scientifiques légitimes qui ont révélé les dangers du glyphosate et ont improprement influencé les preuves sur lesquelles l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada s’est appuyée pour autoriser l’homologation du Roundup », peut-on lire dans le recours.

Dans une déclaration écrite que Bayer Canada nous a fait parvenir, l’entreprise déclare que les herbicides à base de glyphosate sont utilisés en toute innocuité depuis plus de 40 ans.

« Nous compatissons beaucoup avec la plaignante (sic), mais les herbicides à base de glyphosate ne sont pas la cause de sa maladie et nous entendons défendre rigoureusement nos produits. Le glyphosate a beaucoup été étudié par des scientifiques et autorités réglementaires du monde entier, et les résultats des recherches confirment qu’il n’est pas carcinogène. Nous répondons entièrement de l’innocuité des produits à base de glyphosate et, en tant qu’entreprise qui se consacre aux sciences de la vie, Bayer garantit aux Canadiens et Canadiennes que leur santé et leur environnement sont au premier rang de ses priorités », écrit l’entreprise.

En 2015, l’Organisation mondiale de la Santé a déclaré que le glyphosate était un « cancer probable ».

En avril 2017, Santé Canada a plutôt tranché qu’il était « peu probable qu’il présente un risque de cancer pour les humains ».