La mairesse Valérie Plante et le président de la Société de transport de Montréal (STM) ont fait front commun, jeudi, contre le modèle financier du Réseau express métropolitain (REM). Ce dernier « creuse un déficit » pour tout le monde, alors qu’il générera à terme moins d’achalandage que le métro, accusent-ils.

« On veut des projets comme le REM, mais idéalement qui ne viennent pas creuser un déficit. Ce qu’on veut, c’est plutôt un modèle qui va venir déplacer du monde sans enlever des revenus », a fait valoir la mairesse en marge du Forum sur le transport collectif de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).

À ses côtés, le président de la STM, Éric Alan Caldwell, a ajouté que le métro déplace un million de personnes par jour, alors que le train léger de la Caisse de dépôt « va déplacer à terme 170 000 personnes ».

« Est-ce que ça vaut la peine de négliger le million qu’on a pour mettre toutes nos billes dans le panier du 170 000 ? Eh bien, non. Il faut s’assurer du fonctionnement du réseau qu’on a », a persisté M. Caldwell.

Dès le mois d’avril, Montréal avait dénoncé que le REM accaparerait bientôt une importante partie des revenus tarifaires. Dans des documents municipaux, la Ville indiquait « qu’en 2027, la facture du REM sera financée à hauteur de 120 millions par les revenus tarifaires d’usagers utilisant précédemment d’autres modes de transport collectif, créant un manque à gagner équivalent pour le financement des autres modes ».

Montréal anticipe que les revenus du transport collectif seront alors presque aussi élevés qu’en 2019, à 965 millions. C’est donc dire que le REM accaparera alors 12 % des revenus tarifaires, en tout.

Le profit d’abord

Le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc, n’a pas non plus manqué de décocher des flèches envers le REM. « En créant CDPQ Infra, le gouvernement québécois a décidé de privatiser une partie majeure de la planification et du financement du transport collectif », a-t-il fait valoir lors d’une allocution.

« Plutôt que de chercher d’abord à développer des services en adéquation avec les besoins de la population, la Caisse vise la formule qui lui permet le plus rapidement possible de rentabiliser son investissement. La logique du profit a ainsi pris le dessus sur le besoin des usagers », a ajouté M. Bolduc.

Chez CDPQ Infra, la porte-parole Michelle Lamarche rétorque que « les réseaux de transport collectif sont interdépendants et doivent pouvoir s’appuyer les uns les autres pour mieux répondre aux besoins des communautés ». « La question du financement des transports collectifs est d’une grande importance et dépasse l’opération d’un seul système, comme le REM », persiste-t-elle.

Tout cela survient alors qu’une entente de financement semble imminente entre les transporteurs de la métropole et la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. Celle-ci compte offrir 200 millions, soit 70 % du déficit « conjoncturel » attribuable aux recettes tarifaires ayant fondu pendant la pandémie. Aux prises avec un manque à gagner de 561 millions, les sociétés de transport, elles, réclament 421 millions.

« C’est vraiment pour moi une grande absurdité », a dit jeudi la mairesse Plante, en référence aux ententes financières bouclées année après année, « à minuit moins une ». Elle s’attend néanmoins à avoir des confirmations financières de Québec pour 2025 « d’ici la Saint-Jean ». Mme Guilbault avait déjà mentionné vouloir régler le dossier avant l’été.