La saga du nouveau toit du Stade olympique continue à Montréal. D’abord avancée pour permettre la tenue d’évènements à ciel ouvert, l’option de la toiture « démontable » sera finalement écartée pour des raisons surtout techniques et financières.

La nouvelle, d’abord rapportée par Radio-Canada mercredi matin, a été confirmée à La Presse en début de journée. « On a laissé tomber parce que le jeu n’en valait tout simplement pas la chandelle », résume le porte-parole du Parc olympique, Cédric Essiminy. « Notre modèle d’affaires, c’est des évènements, des salons, des tournages, des spectacles. Et si les shows se tiennent à l’extérieur, on a déjà l’Esplanade. On s’est donc demandé si on avait vraiment besoin de ça », poursuit le conseiller.

On a fait une analyse complète au niveau des coûts, du temps que ça prend à monter, du risque avec les assurances ou encore du type de profils d’événements qu’on fait. Notre constat, c’est qu’un toit démontable ne semble pas primordial.

Michel Labrecque, président et directeur général du Parc olympique

Au final, ce dont cette infrastructure a besoin, c’est surtout « un toit qui résistera aux hivers québécois pendant 50 ans », dit M. Labrecque, d’autant plus que la grande majorité des toits ouvrants sont « ouverts à l’horizontale » dans le monde, ce qui ne serait pas le cas du Stade olympique.

C’est un dans un appel de qualification lancé en 2019 que l’organisme, anciennement appelé Régie des installations olympiques (RIO), avait ouvert la porte à ce que le nouveau toit soit partiellement démontable. D’emblée, il avait averti qu’il s’agissait d’une « option » et que « la faisabilité technique à coût raisonnable devra être clairement démontrée ».

Québec reste optimiste

Au cabinet de la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, on confirme que la décision d’écarter l’option « démontable » était devenue nécessaire. « Nous avons effectivement entériné la recommandation du Parc olympique d’écarter l’option d’une toiture démontable. Les opportunités associées à ce type de toiture n’en justifiaient ni les risques ni les coûts associés », écrit son attachée de presse, Sandra O’Connor. Celle-ci soutient que le concept de référence, celui d’une « toiture fixe avec un anneau translucide sur le pourtour pour permettre l’entrée de lumière sur le terrain », reste dans les plans du gouvernement.

En théorie, le nouveau toit du Stade devrait être inauguré en 2024. Si le gouvernement Legault et le Parc olympique refusent de parler de retards pour le moment, cet échéancier reste « préliminaire ». Il pourrait donc toutefois être de nouveau repoussé, car le dossier d’affaires n’a pas encore été déposé. C’est ce document qui contiendra l’échéancier « de référence ».

« Pour moi, c’est plus important que le toit soit bien installé et de qualité que d’avoir un échéancier précis, en disant : il doit être terminé à telle date. On n’est pas à six mois près pour un aussi grand projet. On ne veut pas de troisième toiture qui ne fera pas le travail », lâche Michel Labrecque à ce sujet.

De notre côté, on vise toujours 2024. L’impératif, c’est de livrer une toiture de qualité à un bon coût. Et les travaux se poursuivent pour le dossier d’affaires.

Sandra O’Connor, porte-parole de la ministre Caroline Proulx

Il y a quelques semaines, le gouvernement avait par ailleurs révélé qu’il ne soutiendrait pas financièrement la candidature de Montréal pour accueillir des matchs de la Coupe du monde de soccer 2026, un évènement qui aurait pu se tenir au Stade olympique.

Une longue saga

À Montréal, les problèmes liés au toit du Stade olympique font couler beaucoup d’encre depuis plus de 30 ans déjà. La première toile, rétractable et installée en 1987, s’était d’abord déchirée l’année ayant suivi son installation. Elle a finalement dû être retirée dix ans plus tard.

Puis, la deuxième toile a été installée en 1998, mais s’était aussi déchirée l’année ayant suivi son installation, entraînant une chute de neige dans le Stade. C’est ce toit qui couvre le Stade depuis, mais plus de 12 000 réparations ont dû être effectuées au cours des années. Depuis 2002, le Stade cherche plus ou moins activement à faire construire un troisième toit.

En 2019, le Parc olympique a recensé 4728 nouvelles perforations sur la toile du Stade. On en dénombrait 3256 en 2018. Au total, près de 16 000 réparations ont dû être effectuées sur les 63 sections de la toile.

L’été dernier, La Presse rapportait que seul le consortium formé par les firmes québécoises Pomerleau et Canam avait manifesté son intérêt pour remplacer la toile du Stade, alors qu’on espérait plutôt sélectionner trois firmes parmi celles intéressées, lesquelles auraient été invitées à déposer une soumission « afin de stimuler une saine concurrence ». « C’est sûr qu’on est déçus, mais en même temps, on a tout fait pour solliciter les firmes internationales et nationales. Il y a plusieurs raisons à ça : la COVID-19, la surchauffe du marché des infrastructures, la complexité du projet », soutient Michel Labrecque. À ce stade-ci, le consortium n’est toutefois pas encore officiellement mandaté.

À ceux qui seraient cyniques quant à l’avenir du toit du Stade, le PDG se veut clair. « On approche de la solution, donc il ne faut pas être impétueux. Les gens peuvent être cyniques, mais vouloir démolir le Stade, ça serait se mépriser nous-mêmes et nos parents, qui ont construit cette œuvre architecturale », conclut-il.

Avec Philippe Teisceira-Lessard