Malgré des investissements massifs, le réseau de distribution d’eau et d’égouts reste en mauvais état, quand ce n’est pas en « très mauvais état » à Montréal. Il s’agit là de l’un des principaux constats des grands gestionnaires du Service de l’eau de la Ville de Montréal qui ont présenté aux citoyens, mardi, leurs prévisions budgétaires pour 2020.

« La désuétude de notre réseau nous rattrape par rapport à d’autres villes, comme Toronto ou Calgary. Avec le nombre de bris, on n’arrive pas à prendre le dessus », a prévenu Chantal Morissette, responsable de la gestion de près de 30 milliards d’actifs liés à la production et à la distribution d’eau potable, ainsi qu’à la collecte et au traitement des eaux usées sur le territoire de la métropole.

Graphiques et colonne de chiffres à l’appui, la haute dirigeante a détaillé les dépenses nécessaires pour réparer les conduites, avec un déficit d’entretien estimé, bon an, mal an, à 3,3 milliards de dollars. Néanmoins, les cibles ont été atteintes en 2019, avec 135 kilomètres de conduites rafistolées, ce qui a permis le déploiement d’un programme de renouvellement, a-t-elle expliqué devant la Commission sur les finances et l’administration de la Ville de Montréal.

À la lumière de la présentation du Service de l’eau, le président de la Commission des finances, Richard Deschamps, n’a pas manqué de questionner les gestionnaires sur les investissements à venir.

« Quand je regarde ça, je ne peux que constater que notre réseau est au même point qu’il y a huit ans », a-t-il dit, déçu.

Ruptures majeures

Avec 2636 kilomètres de conduites d’eau dans un état jugé « préoccupant » par la Ville, les fuites pèsent lourd sur le fardeau fiscal de l’eau, ajoute-t-on. En 2019, 1200 fuites ont dû être colmatées dans les différents arrondissements.

Le Service de l’eau n’a pas manqué de revenir sur des ruptures majeures qui ont fait la manchette, notamment celle au réservoir d’eau McTavish puis, à la mi-novembre, l’eau qui a envahi la station Square-Victoria–OACI, paralysant la ligne orange du métro une partie de la journée.

Dans les trois prochaines années, la Ville de Montréal prévoit investir 621,7 millions dans différents projets, dont 177,4 millions seulement pour rattraper le déficit d’entretien en modernisation des usines d’eau potable et de la station d’épuration des eaux usées Jean-R.-Marcotte.

La somme colossale de 210,5 millions sera consacrée au fameux système de désinfection à l’ozone de la station d’épuration des eaux usées, comme l’a promis l’administration de la mairesse Valérie Plante. À cet égard, les hauts fonctionnaires ont expliqué qu’il faudrait « l’acceptabilité sociale » pour aller chercher d’autres sources de financement à long terme ; il faisait référence à la facture en fonction du volume d’eau consommé, qui sera refilée aux entreprises l’an prochain.