(Québec) Québec veut atténuer la protection de ses futures aires protégées et se réserve aussi le droit de mettre fin à leur désignation.

En vertu d’un projet de loi déposé jeudi, le gouvernement caquiste permettra notamment des activités comme la foresterie et la chasse dans des zones qui pourront être désignées comme des « aires protégées d’utilisation durable », plutôt que comme des « aires protégées » dont la protection est plus stricte.

En outre, « le gouvernement peut, si l’intérêt public le justifie, attribuer à une aire protégée un autre statut de protection, lui appliquer une autre mesure de conservation, modifier la délimitation de son territoire ou mettre fin à sa désignation », peut-on lire dans le projet de loi 46. Par contre, le gouvernement doit alors prendre des mesures pour compenser la réduction des superficies couvertes.

« L’objectif du projet de loi n’est aucunement de modifier ni de diminuer des aires protégées existantes ni de permettre des activités industrielles, dans quelque aire protégée que ce soit », a assuré Louis-Julien Dufresne, l’attaché de presse du ministre de l’Environnement, Benoit Charette.

En conférence de presse jeudi matin à l’Assemblée nationale, M. Charette a justifié son projet de loi. Il permettrait au Québec de combler son retard plus rapidement dans la désignation des aires protégées, en vue de respecter des cibles internationales fixées pour la fin de 2020.

Les cibles du Québec étaient de protéger 17 % du territoire terrestre et 10 % du milieu marin — soit l’estuaire et le golfe Saint-Laurent. Or seulement 10,68 % du territoire terrestre est protégé actuellement, et pire encore, seulement 1,35 % du territoire marin. M. Charette en a imputé la faute à l’ancien gouvernement libéral de Philippe Couillard.

Autoriser certaines activités humaines ou économiques permettra donc de pouvoir élargir plus rapidement les aires protégées, autant dans le territoire du Plan Nord qu’au sud du Québec, a-t-il plaidé.

« La simple chasse et la simple foresterie avec utilisation durable — donc on ne parle pas d’une foresterie intensive — empêchaient de couvrir des territoires importants qui méritent d’être protégés », a indiqué M. Charette. De plus, il a fait valoir que les autorités internationales avalisent les nouvelles catégories d’aires protégées que le gouvernement veut ajouter.

L’activité industrielle ne sera pas autorisée dans ce territoire à nouvelle désignation, mais « c’est un concept qui, dans certains cas, pourrait rassurer des collègues (ministres) qui verraient une partie de leur territoire (leur) échapper », a fait savoir le ministre de l’Environnement.

Le processus de désignation comprend une période d’information publique de 30 jours, au cours de laquelle toute personne peut demander des consultations publiques, mais le ministre n’est pas tenu d’y donner suite.

Réserve marine

Par ailleurs, un autre statut de protection serait également créé, si le projet de loi est adopté : la réserve marine, qui remplace la réserve aquatique. Seront interdites les activités minières, ou encore les activités de recherche, d’exploitation et de transport des hydrocarbures, de même que les activités de production, de transformation ou de distribution commerciale d’énergie.

Quant à savoir si une telle désignation pourrait nuire à GNL Québec, cet important projet de terminal de gaz naturel liquéfié au port de Grande Baie, sur le Saguenay, le ministre a assuré qu’il ne voulait pas faire de lien avec le projet, mais qu’« un territoire protégé du côté marin va imposer des contraintes supplémentaires à différents types d’utilisation qu’on pourrait en faire ».

Île d’Anticosti

Enfin, l’attribution du statut d’« aire protégée d’utilisation durable » à l’île d’Anticosti permettrait d’obtenir plus facilement le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il avait été rapporté que les activités forestières menaçaient la candidature de l’île.

« L’adoption d’un nouveau statut nous permettrait de protéger l’intégralité de l’île d’Anticosti et d’assurer la préservation de la diversité biologique sur l’ensemble de ce territoire », a conclu M. Charette.