François Legault est sans équivoque: le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) voterait « non » si un référendum sur l'indépendance du Québec avait lieu aujourd'hui.

« Ce serait non », a-t-il déclaré sans détour lorsqu'il a été interrogé sur la question.

Le chef de la CAQ fait campagne dans l'ouest de Montréal, mercredi, pour y courtiser les électeurs anglophones. Depuis le début de la campagne, il a maintes fois tendu la main à cette communauté, affirmant qu'elle est tenue pour acquis par les libéraux de Jean Charest.

Le chef caquiste a martelé ce message,mercredi matin, lorsqu'il a été questionné par les médias anglophones.

« La souveraineté n'est pas sur la table pour François Legault et pour la Coalition avenir Québec, c'est très clair, a affirmé le chef caquiste lors d'une conférence de presse à Coteau-du-Lac. Deuxièmement, (les anglophones) ne peuvent pas continuer à supporter un parti corrompu comme le Parti libéral. »

Au moment où il a formé la CAQ, M. Legault a affirmé qu'il croyait toujours à la souveraineté. Mais comme cette perspective n'était pas réaliste dans un avenir prévisible, il s'est engagé à ne plus en faire la promotion.

Appui de Robert Libman

Cette prise de position de M. Legault survient quelques heures après que sa CAQ eut reçu un appui pour le moins remarqué, celui de l'ancien chef du Parti égalité, Robert Libman.

Rappelons que cette formation a réussi une percée aussi brève qu'historique, en 1989, lorsqu'elle a ravi quatre sièges au Parti libéral. Elle défendait alors les droits linguistiques des anglophones.

Les Québécois anglophones sont par la suite retournés dans le giron du Parti libéral, mais M. Libman estime qu'il faut mettre fin à cet appui inconditionnel au parti fédéraliste.

«Les anglophones devraient peut-être, pour envoyer un message aux libéraux, considérer de voter pour la CAQ, a-t-il déclaré à la Presse canadienne. Mais seulement dans les régions où il n'y a pas de risque de diviser le vote au profit du Parti québécois.»

M. Libman a du coup dénoncé l'«à-plat-ventrisme» du gouvernement Charest sur les questions linguistiques.

M. Legault a accueilli avec prudence l'appui de M. Libman. Il a souligné que son parti propose une application plus rigoureuse de la loi 101 par l'Office québécois de la langue française, une prise de position qui risque de déplaire à cet ancien du Parti égalité.

« On ne peut pas empêcher un coeur d'aimer », a déclaré M. Legault.

Jean Charest contre-attaque

En début de campagne, la semaine dernière, le chef libéral Jean Charest s'était montré inquiet d'une possible abstention des anglophones le 4 septembre. Mercredi, il a tenu à leur signifier un avertissement à la suite de l'opération charme de François Legault et la sortie de Robert Libman.

« Qu'est-ce que vous obtenez si vous votez pour la CAQ ? a-t-il dit à un journaliste anglophone. Un souverainiste comme chef de parti. Vous avez également une stratégie qui est différente pour arriver à la souveraineté du Québec, mais l'objectif reste le même. Et vous avez un parti qui entend abolir les commissions scolaires qui sont si importantes pour la communauté anglophone. Pour quiconque qui a à coeur l'avenir de la communauté anglophone, ce n'est pas selon moi une bonne option. »

Quand à la réponse de M. Legault selon laquelle il voterait non à un référendum, Jean Charest n'en croit pas un mot. Il a fait valoir que lorsque François Rebello a a annoncé son passage à la CAQ et affirmé qu'il reste toujours souverainiste, le chef caquiste, qui était à ses côtés, n'avait pas « rectifier ses propos » sur-le-champ. « If it looks like a duck, if it walks like a duck, it's a duck », a-t-il lancé.

Pauline Marois se moque de Legault

De passage à Charlevoix, Pauline Marois s'est moquée de son ancien collègue. M. Legault était pourtant un des plus pressés au PQ et avait même préparé un budget de l'An 1 de la souveraineté, a-t-elle rappelé.

«Dans la vie, il faut être capable d'avoir un peu de cohérence, et ce n'est pas son cas», a-t-elle lancé

- Avec Tommy Chouinard et Paul Journet





Photo archives La Presse

Robert Libman en 2003.