La campagne lancée il y a un mois par le ministère de l’Éducation pour recruter des surveillants d’élèves, des concierges et des éducateurs de service de garde a attiré 21 500 candidatures. De ce nombre, ils sont 1400 sur le point d’être embauchés dans les écoles. Reste à voir s’ils savent dans quoi ils s’embarquent, dit le syndicat qui représente ces travailleurs.

La campagne « Répondez présent », semblable à celle lancée dans le réseau de la santé le printemps dernier, visait à recruter 2000 personnes et « fracasse des records », indique-t-on au cabinet du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge. Québec recueille les candidatures et les achemine aux centres de services scolaires de la province.

Jusqu’ici, 1427 candidatures ont été retenues, indique Geneviève Côté, attachée de presse du ministre. « On est confiants qu’on va pouvoir atteindre les 2000 », dit-elle.

Fait à noter, bon nombre des 21 500 candidats ont postulé pour plus d’un emploi. Ainsi, le métier de surveillant d’élève a été sélectionné par 20 252 personnes, celui de concierge par 11 253 personnes et celui d’éducateur en service de garde, par 8472 personnes.

Ce n’est pourtant pas le même travail, dit la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), qui représente ces corps d’emploi. « J’espère que le Ministère va nous dire après deux mois combien de ces personnes vont rester. Je serais curieux de savoir », dit son président Éric Pronovost, qui rappelle que le travail dans les écoles a grandement changé avec la pandémie. Les concierges ne font pas que nettoyer, « ils désinfectent », illustre-t-il.

Le centre de services scolaire Marie-Victorin (CSSMV), en Montérégie, dit que les candidatures qui lui sont parvenues par la plateforme de recrutement de Québec ont suffi à combler ses besoins de personnel pour l’instant. Les candidats, assure-t-on, ont été informés de ce qui les attendait dans les écoles.

« On cherchait beaucoup de personnes disponibles à l’heure du dîner », dit Marie-Noëlle Lefebvre, directrice adjointe du service des ressources humaines au CSSMV.

Les surveillants d’élèves travaillent principalement entre 11 h 30 et 13 h, ce n’est pas du travail à temps plein. Ce n’est pas tout le monde qui peut vivre avec 10 heures ou 15 heures par semaine, mais on peut jumeler avec les heures du service de garde pour les bonifier.

Marie-Noëlle Lefebvre, directrice adjointe du service des ressources humaines au CSSMV

Mme Lefebvre explique que certains candidats sont des grands-parents, des étudiants ou des mères à la maison qui veulent réintégrer progressivement le marché du travail.

C’est une minorité des employées qui sont des « grands-mères », rétorque le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire. La solution de Québec devrait passer par la création de postes à temps plein pour les gens qui sont déjà dans le réseau scolaire, estime Éric Pronovost.

Sur plus de 28 000 éducatrices en service de garde, illustre-t-il, seules 8000 travaillent à temps plein. « Au lieu d’engager des gens qui ne sont pas formés, j’en ai 20 000 qui font sept, dix heures par semaine. Elle est là, la solution », dit M. Pronovost.

Une pénurie qui persiste

Comme la pénurie enseignante, le manque de personnel de soutien persiste depuis plusieurs années dans les écoles. Au début de l’année scolaire, le ministère de l’Éducation a estimé dans un rapport qu’il y avait près de 4000 postes de personnel de soutien à pourvoir dans la province.

C’est dans les régions de la Capitale-Nationale et de la Montérégie que la situation était la plus critique. Qui plus est, 95 % des centres de services « prévoyaient éprouver davantage de difficultés pour recruter le personnel de soutien ».

« Les classes d’emploi les plus recherchées sont, en ordre décroissant : éducateurs ou éducatrices en service de garde (88 % des centres de services scolaires), techniciens ou techniciennes en éducation spécialisée (80 %), préposés ou préposées aux élèves handicapés (52 %), surveillant ou surveillante d’élèves (48 %) et concierges et secrétaires (46 %) », lisait-on dans ce rapport obtenu en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.

Lors du lancement de la campagne, au début d’octobre, le ministre Roberge avait expliqué que les salaires pour ces emplois varient entre 20 $ à 24 $ l’heure et qu’une enveloppe de 25 millions de dollars était prévue pour ce programme.

– Avec William Leclerc, La Presse