Les téléphones cellulaires seront interdits à compter de septembre dans les salles de classe des écoles publiques de l'Ontario pendant les heures d'enseignement.

La ministre de l'Éducation de la province, Lisa Thompson, a affirmé mardi dans un communiqué qu'une annonce officielle serait bientôt faite.

« Les élèves ontariens doivent pouvoir se concentrer sur leur apprentissage, pas sur leur téléphone cellulaire, a-t-elle écrit. En interdisant l'utilisation du téléphone cellulaire, une source de distraction, nous aidons les élèves à se concentrer sur l'acquisition des compétences de base dont ils ont besoin, comme la lecture, l'écriture et les mathématiques. »

Certaines écoles s'étaient déjà dotées de politiques similaires, mais la province émettra une directive à toutes les écoles publiques pour l'année scolaire 2019-2020, ont indiqué des sources gouvernementales à La Presse canadienne. La façon de faire respecter l'interdiction serait laissée à la discrétion de chaque conseil scolaire et de chaque école.

Des exceptions seraient prévues pour des raisons médicales et pour les élèves ayant des besoins spéciaux, ou lorsque les enseignants souhaiteront utiliser un téléphone cellulaire dans le cadre de leur cours.

Appui à 97 %

Le gouvernement conservateur a mené des consultations sur l'éducation l'année dernière. Tandis que les détails sur le programme d'éducation sexuelle dominaient les manchettes, des informations ont également été recueillies sur une éventuelle interdiction du téléphone cellulaire en classe. Environ 97 % des répondants étaient favorables à une restriction des téléphones en classe.

« C'est ce qui s'est le plus rapproché de l'unanimité au cours de notre consultation », a déclaré une source.

Les progressistes-conservateurs avaient proposé une telle interdiction dans leur programme lors de la campagne électorale de l'année dernière.

L'Association des conseils scolaires des écoles publiques de l'Ontario n'a pas fait de commentaire, mardi, mais dans sa présentation lors des consultations, elle avait exhorté le gouvernement à continuer de permettre aux conseils scolaires de prendre leurs propres décisions.

« Les élèves doivent devenir des citoyens intelligents et des occasions doivent être prévues dans le programme afin de leur permettre d'explorer en toute sécurité divers usages et risques de la technologie dans un environnement volontairement appuyé et favorable, a écrit l'association. Les écoles et les enseignants ont des limites bien établies en ce qui concerne l'utilisation du téléphone portable dans les écoles, comparables aux autres attentes de la classe, qui sont conçues pour créer des environnements d'apprentissage positifs. »

L'association souligne que de nombreux conseils scolaires disposent de politiques qui permettent aux élèves d'apporter leurs propres appareils en classe à des fins éducatives.

« Dans la classe, les élèves utiliseront les appareils de manière responsable, et uniquement avec la permission et les instructions de l'enseignant ou d'un autre membre du personnel », indique par exemple la politique du Conseil scolaire du district de Peel.

Amélioration de la performance

Le Conseil scolaire du district de Toronto a déjà interdit les téléphones cellulaires dans le passé, mais cette interdiction avait été annulée quatre ans plus tard pour permettre aux enseignants de décider de ce qui fonctionnait le mieux pour leurs classes. Le Conseil avait précédemment déclaré qu'il était à peu près impossible de faire respecter une interdiction totale et que limiter l'utilisation de la technologie reviendrait également à limiter les possibilités en matière d'éducation.

Un article publié en 2015 par la London School of Economics et « Political Science » avait révélé que « les performances des élèves aux examens à enjeux élevés augmentent considérablement » avec l'interdiction des téléphones portables. Les améliorations ont été largement observées chez les étudiants qui étaient normalement les moins performants.

« Cela suggère que restreindre l'utilisation du téléphone portable peut être une politique peu coûteuse visant à réduire les inégalités en matière d'éducation », avait noté l'étude.

Québec : à chaque école de choisir

La mesure ne risque pas d'être suivie au Québec, du moins à court terme, si l'on se fie aux propos de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ).

« Il y a des restrictions, mais pour ce qui est de l'interdiction complète, nous n'avons pas eu de discussions à la Fédération à ce sujet et nous n'avons pas eu d'échos non plus », a expliqué la directrice des communications à la FCSQ, Caroline Lemieux.

« On sait que ça peut parfois être un casse-tête pour les écoles, mais il n'y a pas actuellement de tendance vers une interdiction complète », a-t-elle raconté, rappelant que cette décision relève de chacune des écoles et que les règles régissant l'usage du cellulaire dans l'établissement sont prévues dans les codes de vie de chacun d'entre eux.

Ces codes de vie sont approuvés par les conseils d'établissements, qui regroupent membres du personnel enseignant et parents.

Situation immuable ? Pas nécessairement, selon Mme Lemieux : « On sait que, parfois, on a tendance à être à la remorque de l'Ontario. Si l'Ontario le fait, ça se peut bien que la question se pose ici ensuite, mais je n'ai jamais entendu parler d'une intention en ce sens », a-t-elle insisté.