L’organisateur du party qui a dérapé sur le vol de Sunwing entre Montréal et Cancún explique son modèle d’entreprise, mais il se fait discret sur l’origine de la fortune qui lui a permis d’acquérir près de 17,5 millions en immobilier depuis 2018.

James William Awad assure qu’il a garni ses comptes de banque en développant de nouvelles méthodes de programmation de sites web. « J’ai commencé la business à 14 ans. J’ai commencé la programmation à 11 ans », a-t-il écrit à La Presse dans un échange de messages privés sur Twitter.

James William Awad, 28 ans, affirme qu’il a inventé une nouvelle façon de programmer « en C++ sans devoir compiler le site web ». Il en aurait vendu la licence à « plusieurs compagnies nationales et internationales », qu’il refuse de nommer.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE JAMES WILLIAM AWAD

James William Awad

Son club privé 111 utilise cette technologie pour son site web, affirme-t-il, tout comme son concept d’entreprise « décentralisée » TripleOne inc., enregistrée au Delaware, un État américain reconnu pour l’opacité de ses registres d’entreprises.

Un board of directors avec un seul director

Selon ses explications, cette entreprise détient plusieurs autres sociétés dans des domaines aussi divers que les centres d’entraînement, la pizza, la publicité et les télécommunications. Tous leurs profits remontent dans la filiale québécoise de TripleOne, dirigée par un board of directors… dont il est le seul membre.

Il assure que l’entreprise produit déjà des profits, mais il ne veut pas les chiffrer. Il garde 3,5 % pour lui, selon ses explications. Il redistribue aussi la même proportion entre six executives qui dirigent les filiales, comme Astrofit Gym et un concept de pizzérias, Crusty Crust.

L’ancien joueur de l’Impact de Montréal Anthony Jackson-Hamel est l’un de ces dirigeants. Il serait à la tête de Cranberry, une agence de publicité.

Outre l’argent versé aux sept patrons, le reste des fonds qui remontent dans TripleOne servent à faire fonctionner l’entreprise et à élaborer de nouvelles idées, selon la documentation que James William Awad a mise en ligne. Mais surtout, la société dit vouloir s’en servir dans le futur pour « récompenser » des clients qui partageront par l’entremise de sa plateforme en ligne des façons d’améliorer les entreprises en place.

Sur son site, TripleOne dit vouloir utiliser la cryptomonnaie FNX et la technologie de la chaîne de blocs (blockchain) pour le faire.

Six fois plus de profits que les autres

Deux des executives de l’entreprise, Sarah Anton et Yahia Hikmas, ont fondé Astrofit Gym fin 2017, puis ont vendu l’entreprise à TripleOne fin 2019 contre un montant non divulgué.

Aujourd’hui, James William Awad encaisse six fois plus de profits que chacun d’entre eux en provenance de l’entreprise, qui compte trois établissements à Laval, Blainville et Rivière-des-Prairies.

La Presse a voulu savoir pourquoi l’homme d’affaires se réservait une part des profits à ce point supérieure à celles de ses « executives ».

C’est comme dire pourquoi Bill Gates, Elon Musk et Jeff Bezos touchent plus que les autres dans la compagnie. TripleOne est une compagnie que je travaille dessus depuis 10 ans. La technologie derrière tout ça est énorme.

James William Awad

Comme ses modèles de la Silicon Valley, M. Awad semble déterminé à afficher sa fortune. Depuis 2019, il a acquis quatre propriétés cossues dans la même rue à Bois-des-Filion, dont trois seulement en 2021. « Je veux acheter toutes les maisons dans ce coin. Et pas avoir de voisin », explique-t-il.

Contactée par La Presse, sa partenaire Sarah Anton assure avoir pleinement confiance en James Awad, malgré les problèmes qu’il a eus avec l’Autorité des marchés financiers, qui a émis une « mise en garde » formelle contre lui en 2015. Et même si le président de TripleOne est le seul membre de l’équipe à pouvoir signer des chèques et faire des opérations financières à même les comptes de la société mère.

« On a quand même des documents légaux entre tout le monde, dit-elle. Il ne peut pas juste partir avec tout ! »

Éric Parent, président de l’entreprise de cybersécurité Eva-Technologies, se pose des questions sur la technologie informatique que dit avoir développée James Awad. Il croit que les prétentions de l’entrepreneur n’ont « pas de sens » et souligne n’avoir trouvé aucune trace de son produit informatique sur le web.

La Presse lui a demandé d’envoyer de la documentation sur sa technologie, mais il n’a rien envoyé.

« C’est important, mais c’est encore une technologie privée, dit James Awad. Ce n’est pas disponible au public. »

« James », comme dans « James Bond »

Selon James Awad, anciennement « Kevin », son changement de nom officiel en 2019 n’a rien à voir avec les ennuis qu’il a eus avec les autorités financières. « On m’appelle James depuis que je suis petit. Et ça a toujours été ma préférence de nom, dit-il. En connexion avec “James Bond”. »

Avec la collaboration de Maxime Bergeron, La Presse