Depuis plus d’une semaine, les parents d’une Québécoise souffrant de graves problèmes de santé mentale n’ont plus de nouvelles de leur fille, disparue au Mexique. Morts d’inquiétude, ils demandent l’aide du gouvernement canadien pour la ramener au pays.

Élise Lessard, une jeune femme de 32 ans atteinte de schizophrénie, est au Mexique depuis décembre 2020. Ses parents communiquent avec les services consulaires canadiens depuis le mois de mai. Leur fille aurait demandé à être rapatriée. Mais jeudi dernier, ils ont reçu un appel qu’ils redoutaient. Les services consulaires « nous ont dit que notre fille avait disparu », souffle Maryse Côté, la mère d’Élise Lessard. « On ne la trouve plus du tout. »

Les dernières nouvelles de leur fille datent du 14 juillet. Elle aurait été interceptée par les autorités de Puerto Vallarta, dans un état de confusion. Elle aurait exprimé de nouveau son désir de retourner au Canada.

C’est autour de 2016 que le diagnostic de schizophrénie de leur fille est tombé. « Ça a été un choc incroyable », se rappelle Maryse Côté.

Depuis son départ du pays, Élise Lessard appelait son père à l’occasion. La dernière fois remonte au 30 juin. Lors de l’échange, elle lui a raconté qu’elle entendait des voix.

Les hallucinations auditives et les idées délirantes sont des symptômes de cette maladie, explique Tania Lecomte, professeure titulaire au département de psychologie de l’Université de Montréal. Pour qu’on pose un diagnostic de schizophrénie, ces symptômes doivent durer plus d’un mois et affecter la personne dans des sphères de sa vie pendant au moins six mois.

Lors d’un épisode psychotique en mai dernier, Élise Lessard s’est lancée devant une voiture. Les autorités canadiennes ont contacté ses parents pour les informer que leur fille était à l’hôpital. « Elle a cru qu’elle était pourchassée, raconte Maryse Côté. Elle a abandonné son seul bagage et n’a ramassé que son porte-monnaie et son passeport. Elle est partie à la course et s’est fait happer. »

À ce moment, leur fille aurait demandé à être rapatriée au Canada. Alertés, ses parents implorent les services consulaires de les aider. Ces derniers auraient incité les parents à se rendre au Mexique, même s’ils ignoraient où était Élise Lessard exactement. « On est en pandémie et on ne parle pas la langue, souligne Maryse Côté. On débarque dans un hôtel et on fait quoi ? On marche dans les rues ? »

Députés appelés en renfort

Dans le but de demander de l’aide pour retrouver et rapatrier sa fille, Jacques Lessard a écrit à la députée fédérale de sa circonscription, Ahuntsic-Cartierville, Mélanie Joly. Le député caquiste Gilles Bélanger, de la circonscription d’Orford où vit Maryse Côté, a aussi été contacté.

Catherine Mounier-Desrochers, l’attachée de presse de la députée Mélanie Joly, a redirigé les parents d’Élise Lessard vers les services consulaires.

Aucun parent ne voudrait se retrouver dans la situation de la famille Lessard. Nous sommes de tout cœur avec la famille.

Catherine Mounier-Desrochers, attachée de presse de la députée Mélanie Joly

Jason Kung, porte-parole d’Affaires mondiales Canada, dit être conscient que des Canadiens au Mexique pourraient avoir besoin de services consulaires. « Nous collaborons étroitement avec les autorités locales et nous sommes prêts à offrir de l’aide consulaire », a-t-il écrit, dans un échange de courriels avec La Presse.

Les parents d’Élise Lessard ont rempli samedi un rapport de police pour signaler une personne portée disparue.

« On a tout fait pour la convaincre »

Quand Élise Lessard a manifesté son désir d’aller au Mexique en décembre, ses parents s’y sont opposés. « On a tout fait pour la convaincre de ne pas faire ça », souligne Maryse Côté. Maintenant, ils craignent le pire. « Ce n’est pas la même dangerosité au Mexique qu’au Québec, soutient son père. Elle est laissée à elle-même. »

Les parents d’Élise Lessard s’expliquent mal comment leur fille a réussi à traverser les frontières. « Elle n’avait ni argent, ni adresse, ni travail, rien », se désole sa mère.

Dans un échange de courriels avec La Presse, Louis-Carl Brissette Lesage, porte-parole de l’Agence des services frontaliers du Canada, a indiqué qu’« un voyageur qui se rend dans un autre pays au départ du Canada est soumis aux règles d’entrée du pays de destination ».

Si vous êtes un membre de l’entourage d’une personne vivant avec un problème de santé mentale et avez besoin d’être écouté, contactez la ligne de pairs aidants famille au 1 800 349-9915. Pour plus d’informations au sujet de la schizophrénie, contactez la Société québécoise de la schizophrénie au 1 866 888-2323.