Québec et Ottawa sont finalement parvenus à signer une entente dans le dossier du logement social et abordable. La fin des négociations, qui duraient depuis près de trois ans, risque de plaire à plusieurs municipalités, dont Montréal, qui ont souvent déploré le manque de fonds disponibles pour lutter contre la crise du logement.

« L’habitation a toujours été et sera une priorité pour notre gouvernement », a indiqué la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, sur les réseaux sociaux en début de soirée. Elle affirme que l’entente est « le fruit d’un travail intense », notamment réalisé avec Sonia Lebel, présidente du Conseil du Trésor.

Son cabinet confirme qu’une annonce devrait avoir lieu « en bonne et due forme, dans les prochains jours » en compagnie du ministre fédéral de la Famille, des Enfants et du Développement social, Ahmed Hussen. Celui-ci avait été pointé du doigt par des élus et des organismes, dans les derniers jours, comme étant le responsable de cette impasse.

« Heureux d’annoncer que le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec ont conclu une entente gagnant-gagnant en matière de logement. Cette entente est une excellente nouvelle pour les Québécois », a d'ailleurs écrit le principal intéressé, sur son compte Twitter.

Des revendications à la tonne

La nouvelle tombe alors que trois élus municipaux – la mairesse de Montréal, Valérie Plante, le maire de Québec, Régis Labeaume, et le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin – doivent faire le point vendredi matin « sur le financement attendu » du gouvernement fédéral dans ce dossier.

Le cabinet de la mairesse Plante n’a pas souhaité réagir jeudi soir, mais le responsable du développement économique de la Ville, Luc Rabouin, s’est réjoui de cette « excellente nouvelle ».

Mercredi, dans La Presse, le maire Pedneaud-Jobin avait jugé « scandaleux et honteux » l’entêtement du gouvernement Trudeau à imposer des conditions au Québec pour conclure une entente sur le logement abordable. Aussi président du caucus des maires des grandes villes pour l’Union des municipalités du Québec (UMQ), l'élu dénonce qu’Ottawa ait déjà conclu des ententes avec toutes les autres provinces, il y a près de deux ans. C'est donc dire que les investissements fédéraux servent déjà à construire des logements abordables, partout dans le reste du pays.

Je suis en colère et je ne suis pas le seul. Nous sommes plusieurs maires dont la patience est à bout.

Maxime Pedneaud-Jobin, maire de Gatineau

Environ 1,8 milliard de dollars devraient être versés au Québec sur une période de 10 ans, en vertu de cette entente. Dans les dernières semaines, le gouvernement Legault avait laissé entendre qu'il ne signerait pas de pacte « à n’importe quel prix ». Québec veut notamment pouvoir passer à travers ses programmes déjà existants, comme Accès Logis, et utiliser l’argent « sans trop de conditions ».

Il faut maintenant « regarder vers l’avenir »

Au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la porte-parole Véronique Laflamme parle d’une « excellente nouvelle pour les milliers de locataires mal logés ». Mais l’organisatrice communautaire, qui milite pour la signature de cette entente depuis longtemps, veut des garanties.

« La balle est dans le camp du gouvernement Legault. Maintenant, il doit injecter rapidement les sommes attendues dans son programme Accès Logis. On espère aussi qu’il n’y aura pas d’entente à rabais pour l’entretien du parc existant de logement social, où les besoins de rénovation sont nombreux », dit-elle.

Cette entente arrive à point pour regarder vers l’avenir. C’est le moment pour Québec de lancer un grand chantier de logements sociaux.

Véronique Laflamme, du FRAPRU

Rappelons que la Stratégie nationale sur le logement (SNL) prévoit des investissements d'Ottawa et des provinces de 55 milliards de dollars afin d’améliorer l’accès à des loyers abordables. L’initiative vise à créer 100 000 nouveaux logements, combler les besoins de 530 000 familles et réparer plus de 300 000 logements communautaires. Elle a aussi pour but de réduire de moitié l’itinérance chronique.